En janvier 2022, le journaliste, Victor Castanet sortait son livre « Les Fossoyeurs ». Il y dénonçait des actes de maltraitances au sein du réseau d’Ehpad « Orpea ». Tout était à revoir, entre l’hygiène, ou la prise en charge médicale. Après le choc, le gouvernement promettait de faire le ménage au sein de la filière. Mais la poussière semble avoir été glissée sous le tapis…
Premier constat : dans la région, la situation des Ehpad serait catastrophique financièrement. Le bilan dressé par Willy Siret, délégué régional de Synerpa, le Syndicat national des établissements et résidences pour personnes âgées fait en effet peur à voir.
Sur le plan économique, c’est très compliqué… Nous avons eu deux ans de très forte inflation en 2022 et en 2023 sur nos coûts salariaux par exemple, sur les achats alimentaires, sur l’énergie. En fait, il y a un effet ciseau pour le secteur : l’évolution des recettes n’a pas suivi. On a un écart de plus de 6% entre nos coûts et nos recettes, ce n’est pas tenable !
Une catastrophe financière qui serait la même dans tous les types d’Ehpad, qu’ils soient privés, publics ou associatifs. Et cela, même si les résidents doivent débourser en moyenne entre deux et trois mille euros par mois.
A une semaine de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, Willy Siret appelle l’Etat à la rescousse.
L’évolution des recettes est encadrée soit par la revalorisation des dotations de l’Assurance maladie, ou par des versements dépendances venues du conseil départemental, soit par le ministère de l’économie pour le volet recette hébergement. Là, il y a un enjeu très fort dans le projet de loi de finance pour être à la hauteur de l’enjeu. Il faut bien se rendre compte que de nombreux établissements sont en grande difficulté.
En Anjou, la situation s’est déjà dégradée dans plusieurs établissements. A Segré-en-Anjou-Bleu par exemple, la direction des résidences du Val d’Oudon a annoncé fin août la suppression d’une vingtaine de postes. L’objectif est simple, combler le trou d’un million et demi d’euros qui s’est creusé dans la caisse. En réaction, un mouvement de grève illimité a été lancé par le syndicat FO pour protester contre cette décision. Le directeur du réseau, Éric-Alban Giroux, qui n’a pas répondu aux sollicitations de la rédaction d’RCF Anjou, avait déclaré chez nos confrères de Ouest France, être « en sureffectif flagrant » par rapport aux dotations dont bénéficie ses établissements.
Et ce n’est pas un cas isolé en Maine-et-Loire. La situation est aussi tendue à l’Ehpad Saint Nicolas à Angers, intégré au CHU depuis 2019. Des agents ont manifesté vendredi 22 septembre pour protester contre leurs conditions de travail. Selon Cécile Chevalier Cervelle, secrétaire de la CGT au CHU d’Angers, il faudrait 25% d’effectifs en plus pour pouvoir y travailler correctement.
Rendez-vous compte, sur certains secteurs c’est une aide-soignante et une ASH (Agent de services hospitaliers) aux soins pour quarante résidents. On a aussi une infirmière pour 122 résidents. La nuit, c’est la moitié de l’effectif et les collègues infirmières passent d’un bâtiment à l’autre pour faire les soins des patients.
Les collèges officières qui s'occupent de l’alimentation, de la vaisselle, des repas, elles travaillent en 12h et quand il manque une officière elles ne sont pas remplacées, ce sont les soignants qui prennent leur place !
Pire, cet été, des familles auraient été mises à contribution pour s’occuper de leurs proches. Un véritable crève-cœur pour les soignants.
Les collègues, ils en arrivent à ne plus pouvoir à faire de douches régulièrement pour les patients. Pendant la canicule, c’était une douche une fois par semaine pour certains, voire tous les quinze jours ! L’aide au repas est rudimentaire, parce qu’évidemment, quand on est un aide-soignant pour 40, c’est difficile de prendre le temps nécessaire pour faire son travail correctement. Cette situation, les collègues la subissent et ils en souffrent ! Quand on termine sa journée, c’est difficile de se dire qu’on n’a pas fait toutes ses tâches et tout ce qu’on devait faire pour les patients.
Et pourtant, la question du vieillissement de la population française est primordiale. Les plus de 75 ans vont passer de 4 à 6 millions d’ici 2030. Entre 2030 et 2050, le nombre de personnes de plus de 85 ans devrait même bondir de 85 %.
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