Emmanuel Macron a nommé un groupe d'experts pour travailler sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans. Ils doivent rendre leurs conclusions en mars. Pour la spécialiste bretillienne de la relation écrans-enfants-familles, Élisabeth Baton-Hervé, il faut notamment plus de contrôle des plateformes qui convoitent les usages des plus jeunes.
Ils sont dix experts à composer ce groupe d'experts, psychiatre addictologue, neurologue, juriste ou encore spécialiste du numérique. Ils devront plancher sur les impacts des écrans sur la santé physique et mentale mais aussi mettre au point une doctrine d'utilisation des écrans. Une initiative que salue Élisabeth Baton-Hervé : "avant, on pouvait penser que le pouvoir avait une sorte de cécité par rapport à cette question-là".
Docteure en sciences de l'information et de la communication et spécialiste de la relation écrans-enfants-familles en Ille-et-Vilaine, elle regrette tout de mêmes que ce groupe de travail ne compte pas dans ses rangs, de chercheurs en sciences humaines.
Sur le fond, Élisabeth Baton-Hervé a une crainte ; celle que les travaux menés ne se focalisent que sur la régulation des usages des écrans par les enfants et les familles : "on n'intégre pas dans la réflexion les grandes entreprises internationales qui sont sur ce marché et qui ont une incidence par ce qu'elles proposent sur les usages. [...] ce sont pourtant deux aspects indissociables", détaille-t-elle, "je crains qu'on n'évoque pas la part de responsabilité qui provient de ces plateformes, des réseaux sociaux".
Elle plaide pour une plus grande régulation de ces acteurs du numérique pour qu'en "aval, les usages soient beaucoup plus sains [...] il faudrait une régulation des plateformes pour qu'il y ait moins de convoitise de la cible enfant/ado".
L'autre point noir soulevé par la professionnelle, c'est l'usage illimité des écrans. Le nombre d'écrans présents dans les familles s'est multiplié et "la miniaturisation des appareils et le fait d'être connectable 24 heures sur 24, tout ça encourage à un usage important et qui verse parfois vers l'excessif". L'enjeu est donc de contrôler le temps total passé devant ces écrans qui sont présents sous plusieurs formes.
Qu'attend-elle alors concrètement du groupe d'experts ? Élisabeth Baton-Hervé prône notamment une inscription de l'éducation aux médias et à l'information dans le programme scolaire dès le primaire "parce que les familles moins favorisées ont plus de difficultés à gérer les écrans, s'il y avait cette éducation à l'école pour tous, dès le primaire, tous les enfants auraient un peu plus de chance de pouvoir gérer mieux leurs écrans".
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