Mercredi 30 mars les premiers chèques énergie 2022 ont été distribué. D’un montant compris entre 48 et 277 euros, ils sont proposés aux ménages ayant un revenu inférieur à 10.800 euros par an. Ce dispositif vient compléter deux précédents chèques, de 100 et 150 euros envoyés en avril et décembre 2021, et qui ciblaient déjà les 20% des ménages les plus pauvres. Il y a un an, ces chèques avait été critiqué, certains y voyant une politique démagogique. Les économistes justifient pourtant aisément cette mesure.
Les consommations énergétiques sont très inélastiques : quand le prix de l’énergie augmente, la consommation ne diminue presque pas. Pour compenser la hausse des prix, les ménages riches peuvent se permettre d’épargner un peu moins. A l’inverse, les ménages pauvres, qui n’ont pas de capacité d’épargne, sont contraint à réduire d’autres postes de consommation, ce qui peut se traduire par des privations. Le chèque énergie, pour les ménages les plus pauvres, joue donc le rôle tenu par l’épargne, pour les ménages les plus riches. Les taux d’intérêt étant très faibles pour l’Etat, le coût de cet épargne est quasi nul. Il serait donc dommage de s’en priver, même s’il ne s’agit que d’un palliatif de court terme.
On peut naturellement penser à l’efficacité énergétique, qui passe par exemple par l’isolation des bâtiments ou le renouvellement des chaudières. Tout cela fait déjà l’objet de subventions. Le débat actuel est de savoir s’il faut les rendre obligatoire.
On peut également penser à la sobriété, qui passe par un changement de comportement. Là encore la puissance publique peut encourager et accompagner. Le covoiturage en donne un bon exemple. La plateforme Blablacar a annoncé que le nombre de trajets proposés a triplé depuis la hausse du carburant. Ce type de changement de comportement individuel peut être facilité par exemple par la création d’aires de covoiturage à l’entrée des villes.
Ce sujet est essentiel. Les "points conseil budget", qui sont placés sous l’égide de la Banque de France et animés par des associations un peu partout sur le territoire, l’illustrent parfaitement. Ces structurent ont accompagné 50.000 personnes depuis leur création en 2019. Elles ne distribuent pas d’argent, mais aident tous ceux qui le souhaitent à faire le point sur leur budget. Cela permet d’identifier les abonnements redondants ou les contrats d’énergie surdimensionnés.
Les animateurs aident également les bénéficiaires dans la réalisation de leurs démarches administratives, qui doivent souvent être réalisées sur internet, et dont la complexité explique pourquoi nombre de nos concitoyens renoncent ne serait-ce qu’à faire valoir leurs droits.
Au delà des effets sur le portefeuille, la prise en compte des difficultés individuelles permet à chacun de se sentir entendu et respecté. Cela nous rappelle que même si la crise prend une forme monétaire, les solutions sont souvent de nature sociale.
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