Le traitement réservé à la voiture électrique est tantôt élogieux, tantôt catastrophiste. Je vous propose de démêler le pour et le contre en 3 minutes.
Les transports génèrent le tiers de nos émissions de CO2, le gaz responsable du changement climatique, dont la moitié pour les seuls véhicules des particuliers. L’enjeu est donc crucial. Il ne doit pas nous faire oublier la pollution aux particules fines, qui cause environ 40 000 morts en France tous les ans.
Si l’on regarde les valeurs moyennes aujourd’hui, parcourir 100 km génère 160 kg de CO2 en voiture à essence, et seulement 12 kg en voiture électrique. L’avantage pour l’électrique ne fait donc aucun doute. C’est pour cela que la voiture électrique tient une place centrale dans la stratégie nationale bas carbone, qui prévoit que 100% des véhicules vendus aux particuliers soient électriques en 2040.
Premièrement, l’accessibilité. Acheter une voiture ou simplement passer le permis est inaccessible pour de nombreux Français. Cela fait de la mobilité, un enjeu social que le passage à l’électrique ne doit pas occulter. Deuxièmement, la durabilité. Changer de technologie déplace mais ne règle pas la question des ressources. Le sujet n’est plus le pic pétrolier mais la capacité à disposer de cobalt, lithium et autres minerais dont l’extraction est souvent catastrophique pour les écosystèmes.
Troisièmement, la production amont d’électricité. Il faut commencer par décarboner la production d’électricité avant de développer l’usage de la voiture électrique. Ce problème est important pour des pays comme l’Allemagne qui utilisent du charbon dans leur mix énergétique. Ce n’est pas le cas en France grâce au nucléaire, qui pose cependant d’autres questions.
Quatrièmement, le surcoût de production. Produire une voiture électrique libère plus de CO2 qu’une thermique, 8t contre 5 en moyenne. Plus la taille du véhicule est importante, plus cet écart se creuse. Si bien que pour les grosses voitures l’intérêt de l’électrique tend à disparaitre.
La voiture est un objet central de notre quotidien. Elle illustre ce que serait une transition réussie. Si la transition consiste à passer d’un énorme SUV essence à un énorme véhicule électrique, produit à l’autre bout de la planète et alimenté par de l’énergie non renouvelable, cela n’a aucun sens. En revanche, si la transition consiste à s’interroger sur nos besoins, à mettre en avant les solutions alternatives comme le vélo ou les transports en commun dès que cela est possible, alors elle sera une véritable opportunité.
Enfin, la voiture illustre ce qu’est le choix de la sobriété. Cela ne signifie pas vivre dans le dénuement, mais s’interroger sur nos besoins réels : quand j’achète une voiture, qu’est-ce qui répond à mon besoin de mobilité et qu’est-ce qui répond à ce que je veux montrer de moi ? Avoir ce type de discernement, c’est déjà agir pour la transition écologique.
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