Chaque année, des milliers de patients atteints de maladies graves du sang, comme la leucémie, ont besoin d'une greffe de moelle osseuse pour espérer guérir. Pourtant, la compatibilité entre donneurs et receveurs est extrêmement rare, d'où la nécessité d'inscrire un grand nombre de donneurs potentiels sur le registre national.
Romain Ferru-Clément, ingénieur au laboratoire d'histocompatibilité immunogénétique de l'Établissement Français du Sang (EFS) à Poitiers, participe activement à cette mission cruciale. Il œuvre notamment à travers le Centre d'honneur, qui inscrit chaque année de nouveaux donneurs volontaires.
Un besoin constant de nouveaux donneurs
L'Agence de la biomédecine fixe un objectif national de 20 000 nouvelles inscriptions par an, réparties entre 29 centres d'honneur à travers la France. À Poitiers, cela correspond à environ 800 inscriptions annuelles. Pour atteindre ce chiffre, l'EFS collabore avec les collectes de sang et déploie des campagnes d'information ciblées, en particulier auprès des jeunes adultes de 18 à 35 ans, population la plus recherchée pour le don de moelle osseuse.
Une initiative efficace est la présence des équipes d'inscription lors des collectes de sang sur les campus universitaires. Par exemple, lors des événements de 2024 à Poitiers et La Rochelle, 30 % des donneurs de sang ont également choisi de s'inscrire sur le registre de moelle osseuse. Une stratégie gagnante, d'autant que 80 % d'entre eux faisaient leur premier don de sang.
S'inscrire comme donneur de moelle osseuse ne signifie pas donner immédiatement. Les volontaires restent en attente jusqu'à ce qu'une compatibilité soit trouvée. En cas de correspondance avec un patient, une série d'examens complémentaires est réalisée avant la confirmation finale du don.
Contrairement à certaines idées reçues, 80 % des prélèvements de moelle osseuse se font par aphérèse, un processus similaire à un don de plasma. Une stimulation de la moelle osseuse par injection d'une hormone naturelle durant cinq jours permet d'extraire les cellules directement dans le sang, évitant une intervention chirurgicale.
Des stratégies innovantes pour recruter des donneurs
En plus des collectes de sang, l'EFS de Poitiers met en place d'autres initiatives pour recruter des donneurs. Des campagnes de sensibilisation sont organisées dans des lieux stratégiques comme l'IUT et la bibliothèque universitaire. Pour faciliter l'inscription, un simple prélèvement de salive est souvent suffisant pour réaliser le typage génétique.
Une autre approche prometteuse consiste à cibler les donneurs de plasma et de plaquettes, déjà habitués aux techniques d'aphérèse. Résultat : un taux de conversion impressionnant de 90 % parmi les donneurs éligibles.
La France impose une limite d'inscription à 35 ans pour maximiser les chances de compatibilité avec les patients. Une étude menée en 2015 a montré que les donneurs les plus jeunes étaient systématiquement préférés par les médecins, notamment en comparaison avec les registres allemands, qui comptent plus de 10 millions de donneurs. Aujourd'hui, 75 % des dons français proviennent de personnes inscrites avant 35 ans.
Cependant, même après cet âge, chacun peut jouer un rôle essentiel en informant son entourage sur l'importance du don de moelle osseuse.
Un engagement sans frontières
La recherche d'un donneur compatible ne s'arrête pas aux frontières nationales. La France fait partie d'un réseau international regroupant plus de 41 millions de donneurs inscrits. Une compatibilité peut ainsi être trouvée à l'autre bout du monde, comme ce fut le cas en 2023 pour un patient poitevin greffé avec une donneuse australienne.
Finalement, s'inscrire sur le registre de moelle osseuse, c'est peut-être, un jour, offrir une seconde chance à un patient en attente. Un engagement simple, mais qui peut littéralement sauver une vie.
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