Prendre soin des personnes marginalisées est un enjeu crucial pour les médecins catholiques affiliés à la Société Médicale Belge de Saint-Luc, une association placée sous l'autorité du dicastère pour le développement humain intégral.
L’association catholique fondée en 1922, est placée sous l'autorité du dicastère pour la promotion du développement humain intégral. Charles van Wilder, qui vient de s'établir en tant que médecin généraliste témoigne : "ce que j'aime dans la société médicale Saint-Luc, c'est qu'on aborde non seulement l'aspect médical mais aussi les aspects philosophique et théologique. Et je trouve que finalement, c'est prendre l'humain dans sa globalité. Ce que je regrette parfois dans les études, c'est qu'on manque de formation philosophique, et même parfois de théologie. Leur apport permettrait de mieux comprendre l'humain et d'accompagner plus adéquatement nos patients".
Rassembler les médecins catholiques est un des objectifs, mais l’association ne s’en contente pas, comme nous l’explique le jeune médecin :"le but avant tout c'est de se rassembler, mais un des autres objectifs est de faire le lien entre notre pratique médicale et notre foi. Comment vivre notre foi au sein de notre pratique médicale quotidienne ? Dans cette perspective, la société essaye d'y répondre et de nous accompagner".
Par ailleurs, la structure propose des objectifs qui ne s'adressent pas seulement aux médecins en exercice, ce sont aussi des propositions à destination des étudiants et formateurs, et plus largement aux infirmières, kinés, accompagnants et aumôniers. En Belgique, la société médicale représente une centaine de membres, dont la majorité sont néerlandophones.
Être médecin et chrétien est aujourd’hui un défi. Le corps médical se retrouve parfois confronté aux pressions implicites, en particulier sur les actes posant des enjeux éthiques que l'on connaît et qui font régulièrement débat dans la société, comme l'avortement ou l'euthanasie. C’est ce dont témoigne Charles : soyons honnêtes, il est vrai que même au sein des universités où il y a encore le mot “catholique” dans la dénomination, on nous encourage parfois à faire abstraction des valeurs éthiques chrétiennes. J’essaye de témoigner d'une certaine manière, du mieux que je puisse, mais cela n’est pas facile car c’est aller un peu à contre-courant de ce que l’ambiance générale nous dicte. Malgré cela - en tant que jeunes médecins -, on est vraiment convaincus que c'est la bonne voie !"
Le 16 novembre 2024 aura lieu une journée symposium à Leuven. “Prendre soin des personnes marginalisées par notre système de santé”, sera le sujet de réflexion proposée aux acteurs du monde de la santé et de l’accompagnement. Les mots ont leur importance. Que signifie “être marginalisé par notre système de santé” ? Charles van Wilder nous explique : "le système de soins de santé en Belgique n'est finalement pas si mal comparé à d'autres pays. Mais quand on creuse un petit peu, on voit qu’on n'est pas tous égaux devant l'accès aux soins. Alors c'est qu'on pense directement aux réfugiés, aux migrants, mais on pense un peu moins aujourd'hui aux personnes âgées qui sont marginalisées de façon sociale. Matériellement elles n'ont peut-être pas de problème pour accéder aux soins, mais socialement elles sont totalement marginalisées, à cause de la solitude par exemple".
Hélas, force est de constater qu’aujourd’hui le monde médical fait face à un manque de ressources et de personnel. Charles nous présente son analyse devant cette situation : “tous ces métiers au service de l'homme, de l'humain, sont des métiers qui prennent du temps, qui demandent de l'énergie car ils nécessitent d'aller vers l'autre, d'écouter l'autre. Partons d'une constatation, les soins sont un domaine non rentable. Je crois qu'on ne peut pas faire des bénéfices sur les soins de santé. Ce n'est pas possible”.
L'encyclique du pape François, publiée en 2020, est au cœur de cette problématique soulevée par l’association de médecins catholiques qui s’interroge sur la notion et la considération de la dignité humaine.
Charles van Wilder le regrette lui-même : "aujourd'hui la dignité, c'est un mot chez nous qui veut tout et malheureusement plus rien dire non plus. Nous devons redéfinir ce terme. L’objectif, finalement, à la suite de ce symposium, sera de pouvoir accompagner dignement des personnes par la suite. Je crois qu'accompagner dignement une personne, c'est avant tout d'abord l'écouter, essayer de comprendre sa détresse et pour cela, il n'y a pas de secret, il faut du temps, il faut prendre le temps.
Le public convié à cette journée concerne les personnes impliquées d’une manière ou d’une autre dans le secteur médical, tous les bénévoles qui ont un lien avec les soins à la personne. “Je crois que ce sera une journée passionnante où on pourra entendre différents témoignages de philosophes, de médecins, de prêtres. C'est ce qui fait la beauté de cette journée”, se réjouit le jeune médecin !
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