Sœur Véronique Margron : "Ce travail ne fait que s'ouvrir"

Une "très grande gratitude" pour le travail de recherche accompli, et en même temps, un "immense effroi", à la lecture de ces plus de 1500 pages d'enquêtes (pour les deux rapports) extrêmement documentées. C'est ainsi que Véronique Margron, religieuse dominicaine, théologienne et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), livre son regard sur notre antenne, sur ces deux rapports indépendants mandatés en 2020 par les Dominicains de France d'une part, et d'autre part par l'Arche internationale.

Ces derniers mettent au jour les doctrines déviantes et pratiques sexuelles abusives, durant de nombreuses années, des frères dominicains Thomas et Marie-Dominique Philippe, ainsi que celles de Jean Vanier, fondateur de l'Arche, faisant de nombreuses victimes.

 

"Ce travail est à faire, insiste Véronique Margron, nous ne nous en sortirons pas sans le travail de vérité." La présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, qui a publié un communiqué le 8 février dernier concernant les révélations de ces deux rapports, analyse notamment au micro de RCF Haute-Normandie : "Tout ceci ne peut pas être sans nous questionner très profondément sur, à la fois, les lieux de vigilance et sur les instances de gouvernement qui n'ont pas fonctionné, comme le démontre très bien l'enquête de Tangi Cavalin (...)". 

Alors que les charismatiques frères Philippe et Jean Vanier ont marqué l'Eglise de France durant de longues années, de nombreux fidèles et croyants catholiques peuvent faire face à un choc plus ou moins profond. Y a-t-il une manière spirituelle, en tant que croyant, de recevoir ces révélations ? "(...) La spiritualité liée à notre foi, c'est l'incarnation, répond d'emblée Véronique Margron. L'incarnation, c'est prendre très au sérieux tout ce qui est écrit. Il va falloir des mois et des mois, de nouveaux chercheurs, pour analyser tout cela, pour en comprendre tous les effets, toutes les ramifications, pour en mesurer toutes les conséquences."

 

Et d'observer : "Ce travail ne fait que s'ouvrir aujourd'hui, en tout cas, il doit se poursuivre. Cela, pour moi, c'est le prendre de façon spirituelle. C'est aussi se rappeler notre propre responsabilité de croyants (...), de toujours garder un lieu critique en nous, non pas pour soupçonner, mais pour exercer notre jugement".