Un centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales a ouvert en 2021 à Brest. Il s’agit de la seule structure de ce type dans le Finistère. Un parcours d’accompagnement, à la fois psychologique et social, pour éviter la récidive.
Bruno connaît bien ce couloir, ces murs peints en violet, ces sculptures dans les coins. L'ancien chef de chantier de 63 ans a commencé son suivi au centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA) il y a 18 mois. Depuis, il n’a jamais arrêté de se rendre aux temps de parole en groupe organisés deux fois par mois. « Cela me fait du bien », explique Bruno.
Des baskets noires, un sweat blanc dont les manches retroussées laissent entrevoir un tatouage tribal sur son avant-bras, Bruno commence à raconter son histoire, il en a l’habitude. Ce jour de mars 2022 d'abord. Les gendarmes arrivent chez lui, sa conjointe de l’époque, avec qui il est en couple depuis une quinzaine d'années, a porté plainte contre lui pour violences conjugales.
De sa voix grave, au débit rapide, il se remémore ce quotidien à deux, émaillé de violences psychologiques et verbales. « On met la pression, constamment, tous les jours. Sur son poids, sur sa façon de s'habiller, pleins de choses comme ça. (...) C'est des violences psychologiques, et ça fait autant de mal que le reste », reconnaît Bruno.
Aujourd'hui, le sexagénaire a pris du recul, « je me rends compte de ce que j'ai fait » explique-t-il. Ce n'était pas forcément le cas au début de sa prise en charge au CPCA. « Je me souviens quand ce monsieur est arrivé il y a 18 mois, c'était "je ne l'ai pas frappée donc je ne suis pas violent" », se souvient Aurélie Fouquet, assistante sociale au sein de la structure. « La première chose à mettre en place au niveau des responsabilités, c'est se dire que la violence, ce n'est pas que des coups », poursuit-elle.
Aurélie Fouquet fait partie d'une équipe de trois personnes au sein du centre, avec une psychologue et le directeur de la structure.
En ce moment, une vingtaine d'auteurs sont suivis. Un accompagnement qui débute par un entretien, afin de comprendre dans quelle situation se trouve la personne, par exemple si elle possède un logement. Car le suivi du CPCA passe aussi par une aide sociale et administrative. « Il faut qu'il y ait une dynamique. Cela peut être l'accès à l'emploi car avoir un emploi sans logement c'est compliqué, ça peut être trouver un logement auprès d'un bailleur privé. Dans l'objectif qu'il y ait un tremplin pour mieux continuer la suite de son chemin », précise Aurélie Fouquet.
Des entretiens individuels sont aussi organisés avec la psychologue du CPCA, Laura Benech. « On part des faits, parce qu'ils sont étiquetés comme auteurs de violences conjugales. Par la suite c'est inévitable de comprendre comment ils en sont arrivés là. On travaille sur le lien à l'autre, sur ce qui se joue dans la relation de couple », explique la psychologue.
Les auteurs sont suivis pour une période d'environ quatre à six mois. Bruno, lui, n'a jamais arrêté de se rendre aux groupe de parole collectifs. « Tout le monde échange. Au départ je parlais pas, je n'ai pas l'habitude, on est un peu perdus. Mais après on a envie de parler, c'est bénéfique. »
Vous pouvez joindre le CPCA de Brest au 06 76 34 29 07.
Vous pouvez dénoncer les violences familiales en contactant le 17, 114 par SMS, ou trouver des conseils en appelant le 3919.
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