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Un dispositif pour éviter le décrochage scolaire à Morlaix

Un article rédigé par Océane Théard - RCF Finistère, le 10 octobre 2023 - Modifié le 10 octobre 2023

Depuis 2016, le lycée Notre-Dame-du-Mur Le Porsmeur, à Morlaix, a mis en place le DAL (Dispositif alternatives lycée) pour éviter le décrochage scolaire chez les jeunes. Un suivi sur-mesure, un espace à part, à mi-chemin entre un lycée classique et des cours à distance.

Sterenn Leroy-Girard, enseignante spécialisée au sien du DAL - © Océane ThéardSterenn Leroy-Girard, enseignante spécialisée au sien du DAL - © Océane Théard

Il faut s'éloigner du brouhaha, des rires qui résonnent dans le grand atrium du lycée Notre-Dame-du-Mur Le Porsmeur. On traverse une cour, des couloir, on gravit un escalier étroit pour arriver jusqu'à une double porte. A l'entrée, un petit écriteau: "DAL", pour Dispositif Alternatives Lycée. Dans ce grand espace à l'atmosphère feutrée, on est loin d'une salle de classe ordinaire. Pas de tables alignées face au tableau mais des poufs colorés, des fauteuils disposés un peu partout. Ce matin, une petite dizaine d'élèves sont présents, certains en petits groupes, d'autres isolés. Dans un coin, Laura, élève en première STMG, est absorbée par ses polycopiés d'économie. Elle a intégré le dispositif il y a deux semaines après une année de seconde perturbée. "J'ai passé toute ma scolarité avec ma sœur jumelle, mais en seconde on a été séparées, parce qu'on avait pris des filières très différentes. Je suis arrivée dans un lycée avec plus de 1 000 élèves, 1 500 je crois. Dans le collège où j'étais, on était à peine 300. Je ne connaissais personne dans ma classe. Et après je n'arrivais plus du tout à aller en cours. Chaque matin je me réveillais avec une boule au ventre, je vomissais, je faisais des crises d'angoisse", se souvient Laura.

Chaque matin, je me réveillais avec une boule au ventre, je vomissais, je faisais des crises d'angoisse

Un peu plus loin, les yeux presque dissimulés par une mèche de cheveux, Corentin est lui en terminale générale au lycée. Il n'est pas allé en cours pendant toute son année de première. "On est notés sur tout, on a beaucoup de pression sur les notes. (...) Et puis tu lâches, tu restes chez toi et tu choisis la facilité. Du coup je suis venu ici pour continuer (une scolarité) et avoir une aide" raconte le lycéen. Justement, au programme ce matin, c'est révision pour un contrôle d'histoire. Corentin est aidé par Sterenn Leroy-Girard, enseignante spécialisée sur le dispositif DAL.

Un dispositif "à mi-chemin entre le CNED et un lycée ordinaire"

La professeur accompagne, à temps plein, la vingtaine de jeunes inscrits cette année, les accompagne sur leurs devoirs et maintient un lien entre leur classe de référence, les enseignants et l'élève. "C'est à mi-chemin entre le CNED et un lycée ordinaire", explique Sterenn Leroy-Girard.

Avec pour objectif final, d'éviter à tout prix que le jeune ne s'isole et ne perdre totalement contact avec le milieu scolaire. "Vu l'impasse dans laquelle se retrouve le jeune, s'il se retranche chez lui, il a peu de chance de revenir de lui même. Là, ça permet un maintien dans un milieu de la scolarité, dans un établissement scolaire, avec un lien social aussi", poursuit-elle.

Un planning fait sur-mesure, le jeune n'est pas tenu d'être présent tous les jours, mais doit impérativement prévenir l'enseignante. Des activités comme de la sophrologie, des cours de cuisine sont également proposés aux lycéens pour leur permettre d'échanger entre eux, et de se sentir compris, aussi. Car pour la majorité, ils souffrent d'une incapacité à aller en classe "liée à l'angoisse de la performance, à de la phobie sociale pour certains", précise Sterenn Leroy-Girard. La pandémie a fortement participé à révéler ces angoisses d'après l'enseignante. "La possibilité de ne plus aller à l'école est devenue une ouverture pour certains jeunes. Ne pas aller à l'école avant ça n'existait pas pour eux. (...) On avait des jeunes qui souffraient à l'école mais pas des jeunes retranchés chez eux."

L'objectif du DAL reste d'accompagner ces jeunes vers un retour dans une classe ordinaire, "(..) Rien ne remplace des camarades, des professeurs. Nous, on est une solution de substitution, mais pas une finalité", conclut Sterenn Leroy-Girard.

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