Les vendanges ont commencé depuis près de deux semaines désormais pour certains domaines du Val de Loire. Un départ anticipé qui risque de devenir la norme face aux conséquences du changement climatique. Des viticulteurs qui risquent de devoir repenser totalement leur mode de fonctionnement.
Un printemps humide, un été mitigé et une canicule brûlante début septembre, 2023 a été une année éprouvante pour les vignerons. La profession a donc été obligée de s’adapter aux journées passées à plus de 37°C et aux chaudes nuits qui ne descendaient pas en-dessous des 20°C. Conséquence directe : dans les vignes, la maturité a été exponentielle en très peu de temps. Le temps, c’est d'ailleurs ce qui va désormais manquer aux vignerons selon Pierre-Jean Sauvion, président de la commission de communication pour Interloire, l’interprofession des vins du Val de Loire.
Aujourd’hui, on a plus le temps. Ce qu’on faisait en deux semaines il faudra le faire en une et ce qu’on faisait en quatre jours, on devra le faire en deux.
Des variations de températures qui influent aussi sur les maladies qui menacent le vignoble, puisque là aussi, les viticulteurs ont eu fort à faire et ont dû s’adapter.
En 2022, on a eu une année plutôt sèche, et on est passé à travers les mailles du mildiou. Mais cette année, on a dû être là constamment puisque le mildiou est justement un champignon qui aime l’humidité et la chaleur !
Autre souci : le végétal a poussé de manière plus abondante à cause des températures plus douces du début d’année. Il a donc fallu s'adapter rapidement pour traiter le vignoble.
Coup dur supplémentaire, de nouvelles maladies font leur apparition. Deux mots font en ce moment trembler les vignerons Saumurois : la « flavescence dorée ». Plusieurs opérations de repérage ont été organisées dans le Saumur-Champigny. Une veille obligatoire nous explique Frédéric Daguené, du pôle santé / végétal environnement de l’association Polleniz.
On a un foyer dans le saumurois à Chacé avec un arrêté préfectoral et de lutte obligatoire. Un autre en Val-de-Loire. Sur le reste du vignoble angevin, il y a des prospections, des repérages nécessaires, puisque la flavescence dorée est une maladie épidémique qui détruit le vignoble en trois-quatre ans si on ne fait rien
Entre les maladies, le gel, la sécheresse ou l’humidité, les vignes sont mises à rude épreuve. La profession pourrait être forcée à faire des choix de cépages pour Robert de Lamotte, vigneron au domaine du même nom, près de Brissac.
Il faudra trouver des cépages qui résistent à la sécheresse et aux fortes chaleurs. Le chenin par exemple pourrait être à même de bien s’adapter. On pourrait aussi redécouvrir d’anciens cépages !
C'est même tout le calendrier traditionnel des vignerons, ses règles et ses traditions qui risquent d'être chamboulées selon Jean-Pierre Sauvion.
Avant on commençait à vendanger fin août, voire, mi-septembre. Aujourd’hui, il faut se préparer à ce que le mois d’août soit un mois de travail et plus de vacances. Rendez-vous compte, la maturité a avancé de 20 jours en 20 ans !
Les fortes températures pourraient aussi resserrer le calendrier des vendanges alors que rosés, blancs secs, rouges ou liquoreux sont actuellement récoltés de manière plus espacée.
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