Le projet de Pacte mondial pour l’environnement cherche à faire entrer l’exigence environnementale dans le droit international. Alors bien sûr, il est intéressant à plus d’un titre: le fait même qu’il cherche à être mondial peut provoquer une réponse proportionnée à la menace écologique, déjà bien présente. Il constitue aussi un intéressant processus démocratique demandé par des juristes et des ONG partout autour du globe. Celui-ci émane en effet en partie de la société civile. De plus, il comprend bien toutes les dimensions écologiques: le climat, la résilience des écosystèmes, la biodiversité, le droit des peuples autochtones etc.
A titre d’exemple, à l’article 19 il anticipe à juste titre que des conflits armés vont très probablement être dûs, dans les années et décennies à venir, au réchauffement climatique. A ce titre, il se place dans une vision intégraliste, dont le Pape François a été un des catalyseurs. Ce pacte peut être enthousiasmant s’il est réellement mis en pratique car il peut changer votre vie concrètement à vous, auditeur. Il nous concerne, même si très peu de gens en sont informés, d’ailleurs moi-même je ne connaissais pas son existence avant cette émission (merci RCF !).
Ce pacte se place donc sur le plan de la justice. Oui, il ne s’agit pas de charité, à l’heure où le gouvernement appelle aux solidarités et à la charité plutôt que d’oser prendre certaines de ses responsabilités. Je souhaite à ce sujet vous illustrer mon questionnement sur le pacte autour de deux exemples :
Je suis sidéré qu’aujourd’hui, nombre de personnes découvrent la misère des étudiants et des jeunes alors qu’elle couve depuis des années, que des suicides d’étudiants sont réguliers, que tant de jeunes ont perdu espoir. J’ai l’impression de ne pas être du même monde que nos dirigeants. Et c’est là où le bas blesse, que ce soit pour les jeunes ou pour ce pacte. Je peux m’enthousiasmer un temps, mais pour que ce pacte, qui va dans le bon sens, fonctionne, il faut un engagement de ceux qui détiennent les pouvoirs politiques et économiques. Il faut un engagement de Shell, de Total, des grandes banques… bref : de la bourgeoisie économique. Cette bourgeoisie accrochée à ses privilèges, qui se fiche de la science et qui se barricade déjà en se construisant des bunkers en Suède et en Nouvelle-Zélande.
Et vous nous donnez un autre exemple de ce que vous dénoncez.
Dernier exemple en date: Bruno Le Maire notre ministre de l’économie et Christine Lagarde patronne du FMI, estiment que la dette contractée par les pays pour faire face au COVID ne doit pas être annulée car elle serait remboursable. Combien de cris d’alertes et de rapports scientifiques vous faut-il pour comprendre que le COVID n’est que le premier virus qui nous arrive ? Voulez-vous que l’on parle de la fonde du pergélisol ? La dette publique étant au passage plus faible que les dettes privées… et incomparable avec la dette écologique que l’on se laisse à nous-même. Et c’est à des gens comme ça, à des bourgeois accrochés à leurs privilèges économiques, qu’il va falloir faire changer le droit international et votre quotidien. Ce serait à pleurer de bétises si la misère n’avançait pas parfois aussi vite et si ce n’était pas si tragique que certains de nos gouvernants se s’accrocher pas tant au cadavre de cet ancien monde qui tarde à mourir. Il va nous en falloir du courage.
A ce titre, l’article 21 du pacte qui veut que celui-ci soit "non punitif" me laisse dubitatif. Certes il faut vaut mieux le faire signer au plus grand nombre que le laisser lettre morte. Mais une politique écologique implique nécessairement des règles et des contreparties : nous n’avons plus le temps pour des beaux discours.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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