Un édito de Jean Lannoy, journaliste pour 1RCF Belgique.
Ce que nous pressentions il y a encore peu semble se confirmer. En dépit de l'insistance de Mgr. Bonny, invitant Roger Vangheluwe à solliciter auprès du pape la révocation de son titre d’évêque, cette démarche semble être restée lettre morte. Une missive avait été expédiée en septembre, mais son contenu exact demeurait un mystère. Face à l'absence de changement, il était raisonnable de supposer que la requête de renonciation n'avait pas été formulée. C'est Mgr. Coppola, le nonce apostolique en Belgique, qui en fait l'amer constat. Il estime que cette demande aurait été approuvée et publiée dans les deux mois.
Le pape semble prendre ses responsabilités. Il a demandé aux évêques belges de préparer un nouveau dossier concernant les accusations portées contre l'ancien évêque Roger Vangheluwe. Le pape pourrait déchoir Roger Vangheluwe en cas de nouveaux faits établis.
Pourquoi, pourrait-on se demander, Roger Vangheluwe n'a-t-il pas renoncé à son titre d'évêque, malgré les révélations accablantes qui l'ont placé au cœur de ce scandale ? Cette non-renonciation de Vangheluwe à son titre d'évêque interpelle : elle reflète une forme de déni, un refus de prendre la pleine mesure de ses actes, mais aussi une lacune dans les mécanismes de sanction et de repentance au sein de l'Église.
La question de la compétence, ici, dépasse largement le cadre juridique ou canonique ; elle touche à l'éthique, à la morale, à la capacité de l'Église de se réformer de l'intérieur et de répondre aux attentes des fidèles et de la société.
La responsabilité du pape et de l'Église belge est immense. Elle ne se limite pas à la gestion d'un cas individuel. Elle engage un processus de guérison, de transparence et de réforme profonde. Qui est compétent pour juger un évêque ? Actuellement, dans l’Eglise, à part le pape… Personne. La réponse est complexe, mais une chose est certaine : la compétence ne doit pas seulement être juridique, elle doit être morale et spirituelle.
Ce n'est pas seulement l'avenir de Roger Vangheluwe qui est en jeu, ni même celui des évêques belges. C'est l'avenir de l'Église catholique dans son ensemble, son intégrité, sa crédibilité et sa capacité à incarner les enseignements du Christ dans le monde contemporain. La demande du pape ouvre une fenêtre d'opportunité : celle de faire preuve d'une audace morale, de reconnaître les erreurs du passé et de s'engager sur la voie d'une réconciliation véritable. Pour l'Église belge, comme pour le Vatican, l'heure est venue de répondre non seulement aux questions de compétence, mais surtout aux appels à la justice et à la vérité.
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