"L’imagination est une forêt qui pousse petit à petit. La France des Droits de l’Homme s’est faite sur la confiance en elle-même, sur son rêve humaniste : là est son identité. Notre chère France est fondée sur l’imagination, pas sur la fabulation."
Celui qui imagine, c’est d’abord l’enfant, celui qui sait que l’avenir est fait d’une succession de présents. Celui qui imagine sait se poser, prendre de la hauteur, il sait revenir en soi, en ce qu’il est profondément, pour voir autrement le réel, pour créer… ou pour imaginer le pire. Mais ce sont alors des fabulations. Cela dépend si vous vous appuyer sur vos passions joyeuses ou vos passions tristes, si vous rêver ou si vous vous basez sur vos peurs. Peut-elle prendre le pouvoir ? dit autrement, imaginer quelque chose de nouveau peut-il remplacer le régime libéral actuel ?
Qu’on se le dise, M. Zemmour (et madame Le Pen également) n’imaginent rien. Par essence, s’appuyer sur le médiocre que l’on a tous en nous, (et moi le premier) ne crée rien. Ils fabulent, ils fantasment un passé qui n’a jamais existé et ils répondent aux peurs, légitimes parfois mais exacerbées bien plus souvent. En tant qu’historien, je ne peux que m’insurger devant la réécriture de l’Histoire que fait Eric Zemmour, et je vous renvoie à un très petit livre publié chez Gallimard, « Zemmour contre l’Histoire », notamment sur l’ignominie que M. Zemmour ose faire en réhabilitant Pétain contre tous les faits. Comme militant, je ne peux qu’être subjugué par le manque de sources, de réalités concrètes (et non fabulées donc) lorsqu’il propose par exemple la fin des minimas sociaux alors que s’ils n’étaient pas là, la misère ferait son grand retour dans notre pays, si tenté qu’elle ne soit pas déjà bien présente. M. Zemmour n’invente rien, c’est ce que l’on appelle aujourd’hui un « ultra-libéral autoritaire » ce que l’on appellerait clairement un fasciste, si on osait mettre les mots justes sur des faits. Ce qui ne veut pas dire que ses électeurs et ceux qui ont des peurs légitimes le sont. Je vous renvoie tout de même au petit ouvrage d’Umberto Eco « reconnaître le fascisme ». Sinon, pour une prise de hauteur sur la situation sociale de notre pays, n’hésitez pas à consulter « en finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté » ainsi que « en finir avec les idées fausses sur les migrants et les migrations » tous les deux publiés aux Editions de l’Atelier. Les références sont sur le site RCF.fr. Avoir des désaccords politiques est une chose : attiser les peurs dans un discours non sourcé en est une autre.
L’imagination donc, et non la fabulation ultralibérale. Cela se met déjà en forme, là est un vrai signe d’espérance. Tant de gens « pensent et agissent » comme le montrent notre émission, pensent un monde écologique, agissent dans leurs quartiers et leurs villages. Auditeur, auditrice, souvent si vous écoutez cette émission c’est que vous êtes engagés à votre niveau ou souhaitez le faire : vous n’êtes pas seuls ! Une forêt qui pousse fait moins de bruit qu’un arbre qui tombe.
D’ailleurs, ça marche : le Pape François par exemple, a imaginé une Église « par les pauvres pour les pauvres » à partir de ses lectures, de son expérience des bidonvilles au Chili et en Argentine, de tout son ministère jésuite. Merci François ! le Pape et sa nouvelle, théologie du peuple, constituent pour moi une vraie bouffée d’air frais, qui montre que quelqu’un qui ose faire un pas de côté, qui suit un cap humaniste avec courage, peut réussir à changer les choses, petit à petit. Comme le dit la Conférence des évêques de France dans son dernier ouvrage « l’Espérance ne déçoit jamais ». La vie est une succession d’opportunités, de déplacements, de possibilités, de rencontres, de confiances données, parfois déçues certes, mais si riches. Elle est difficile cette vie, et le vote Zemmour se comprend. La soif d’identité et de sécurité se comprennent. Certes. Mais la culture de la rencontre que prône François, la philosophie et la construction de son esprit critique et la recherche en soi-même sont les seules démarches humaines, donc écologiques, qui peuvent penser notre foyer autrement.
L’imagination est une forêt qui pousse petit à petit. La France des Droits de l’Homme s’est faite sur la confiance en elle-même, sur son rêve humaniste : là est son identité. Identité que je ne reconnais parfois plus. Notre chère France est fondée sur l’imagination, pas sur la fabulation. Un arbre qui tombe fait moins de bruit qu’une forêt qui pousse.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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