Tout le monde en parle : les réseaux sociaux, les télévisions, Libération, Le Monde, Le Figaro, Ouest-France, Le Midi Libre, Sud-Ouest, La Provence, Le Républicain lorrain, L’Obs, L’Express, Match… Vraiment tout le monde ! De quoi ? D'un nouveau mot : "IEL".
Qu’est-ce que c’est que "IEL" ? Un mélange du "IL" et du "ELLE", pour fabriquer un nouveau pronom personnel à la troisième personne… Ce nouveau pronom refuse de dire s’il parle d’un homme ou d’une femme : il veut, je cite, “évoquer une personne quel que soit son genre”. C’est ce que nous dit la version numérique du Petit Robert, qui vient de commettre ce putsch grammatical. Je dis “putsch” parce que c’est mérité. Le Petit Robert affirme qu’en imposant le mot "IEL" il ne fait que “refléter la forte croissance du IEL” dans l’usage quotidien des Français.
Mais c’est faux ! Personne en France n’utilise le mot IEL – sauf les théoriciens de l’écriture inclusive, très petit cercle s’il en est. Alors, autant il est normal qu’un dictionnaire tienne compte de l’évolution du langage courant, autant il est anormal d’imposer à la population ce qu’on invente dans un micro-milieu. D’autant que le IEL serait une arme de destruction massive du langage écrit et oral.
L’écriture inclusive a été inventée par des gens qui ne se souviennent pas que la langue écrite doit pouvoir être parlée ! Or l’inclusive imposerait de prononcer par exemple : “IEL est venu.e”. Au pluriel, il faudrait dire : “IELS sont généreux.ses”, à moins d’utiliser une formule plus longue : “IELS sont généreux ou généreuses”, etc… Vous voyez à quoi ressemblerait la conversation.
De fil en aiguille ce serait la disparition de la grammaire ; aucune règle de syntaxe ne serait plus possible à force de démantibuler les phrases pour les assujettir à l’écriture inclusive. Mais supprimer les règles, les repères et les limites, dans ce domaine comme dans d’autres (et même quand ils sont nécessaires à la vie en commun), ce serait peut-être le stade suprême de l’individualisme ? Sans vouloir exagérer le problème, on peut tout de même s’interroger.
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