Une proposition de loi visant à renforcer le droit à l’avortement revient à l’Assemblée à la fin du mois. Elle envisage, notamment, de supprimer la clause de conscience spécifique des soignants.
Ceux qui veulent cette disparition martèlent un argument fallacieux. Celui qu’il y aurait deux clauses, la générale et la spécifique, la seconde étant superflue. Cet argument faux camoufle une volonté de banalisation permanente de l’avortement et une forme de pression sur le personnel soignant, dont il serait injuste de balayer d’un revers de manche les convictions.
La clause générale est insuffisante, moins protectrice et ne concerne pas tous les soignants. Si une clause spécifique a été créée dès la loi Veil, c’est bien en raison du caractère particulier de cet acte, dont la portée ne change pas avec les années. La supprimer serait une atteinte grave à la liberté de penser, fondement des Droits de l’homme.
On ne peut sacrifier une liberté (celle du soignant) contre une autre (celle de la femme). L’objection de conscience est un droit fondamental, une liberté constitutionnelle, que tout le monde, peu importe son avis sur l’IVG, devrait défendre corps et âme.
M’est venu à l’esprit un poème écrit par un pasteur. Il évoque la lâcheté des intellectuels allemands dans les années 40. Ce poème traverse les âges et nous appelle à nous sentir concernés par les dérives liberticides.
"Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas juif
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas catholique
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait plus personne pour protester"
Alors debout ! Si on ne veut pas s’entendre un jour regretter: "Je n’ai rien dit, je n’étais pas soignant".
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