Vivons-nous dans une médiatocratie ? Alors qu'à Lourdes ont lieu les journées Saint François de Sales sur le thème "À quoi tenons nous vraiment pour bâtir le monde de demain ?". Adrien Louandre pose la question du rôle des médias dans notre société et notamment dans leurs discours sur l'écologie.
Les médias ont évidemment un rôle prépondérant dans la sensibilisation à l’écologie, dans la compréhension d’un sujet si complexe, si multiforme. Je vois au moins trois responsabilités :
Premièrement, basiquement, il s’agirait de respecter la charte de Munich commune à tous les journalistes qui consiste à dire la vérité même si ça ne plait pas à sa propre idéologie. Où la cherche-t-on ? Pour savoir la race d’un chien, l’essence d’un arbre, que 2 et 2 font 4, l’enfant interroge la science. Pourquoi perd-t-on cela à l’âge adulte ? Que Valeurs Actuelles, RMC et CNews pour ne citer qu’eux, commencent par réfléchir sur leur éthique journalistique : non, ce n’est pas possible de faire du relativisme et de penser d’abord à l’audience quand les possibilités mêmes de la vie sur Terre, de notre vie à tous et toutes est en jeu. On ne peut pas, M. Pascal Praud et votre cerveau câblé au
XXème siècle, vouloir ridiculiser une climatologue en plateau comme vous l’avez fait. Après bien sûr, quand 90% de la presse est contrôlée par les milliardaires et leurs intérêts, il est bien difficile d’y faire entendre ceux de monsieur et madame tout le monde. Merci les médias indépendants.
Je prends donc le sujet à contre-pied : il y a déjà ce que les médias ne doivent pas faire, c’est-à-dire le relativisme en matière d’information. On ne peut faire croire à quelqu’un qui n’a pas le temps de se documenter parce que cette personne a son travail et trois bouches à nourrir, que l’avis d’un plateau
télé qui relève plus du PMU du coin que de la science, ou que l’avis de climatosceptiques qui n’ont aucune rigueur scientifique comme François Gervais, équivaut à l’avis de milliers de scientifiques, sérieux, eux. Que l’on ne soit pas d’accord tout ce que dit le GIEC, d’accord, mais de grâce, ne
laissons pas des clowns sans méthode scientifique ni travail avec leurs pairs comme il est de mise dans la communauté scientifique, manipuler l’esprit des gens. Le premier devoir d’un média donc, c’est de rentrer dans la complexité, cessons de prendre les gens pour des imbéciles, et d’en prendre
le temps. Cela s’appelle le sens des responsabilités. Et je ne veux pas dire, mais ça RCF le fait très bien, voilà à quoi ça sert d’avoir des gens comme Anne dans son équipe (c’est une manière de te remercier une fois de plus pour cette deuxième année à l’antenne !).
Deuxièmement : savoir penser contre soi-même. Sur RCF on est à fond dans l’actu, et cette semaine je regrette que Serge Faubert, un excellent journaliste politique, ait été « viré » du média Blast (pourtant un excellentissime média, allez voir), pour avoir soulever des choses qui n’allaient pas à
gauche et chez les écologistes. Quand on appartient à une famille, même si ça ne la sert pas directement, c’est normal qu’il y ai des conflits. Quand je dis dans l’Eglise que je suis pour le diaconat féminin par exemple, je sais que je ne suis pas majoritaire, mais j’affirme une idée parce qu’elle me semble juste, et qu’elle permettra de faire progresser l’institution. Ça, sur RCF, on peut le dire. Et sur
le long terme, démocratiquement, je pense que plus une formation politique ou ecclésiale laisse libre court au débat en interne, plus elle se grandit et avance.
Enfin troisièmement, les médias pour moi devraient pouvoir plus évoquer « pour quoi (pourquoi) » en un et en deux mots. Pour quoi on se bat ? Je ne l’ai que peu entendu pendant cette campagne.
Quelle est votre vision générale ? Cela inclus de prendre du recul : quand on parle « d’écologie punitive » est-ce que ce qui est punitif c’est, comme le dise les jeunes avec Macron, de ne pas pouvoir faire un aller-retour en avion le week-end à Marrakech alors que des millions de jeunes ne se nourrissent que grâce à l’aide alimentaire, où l’écologie punitive est de laisser une planète invivable à
nos enfants qui confisquent leur avenir ? Ne sont-ce pas les plus pauvres qui, déjà, sont punis parce que l’égoïsme des plus riches qui ne veulent pas répartir le gâteau ? La punition n’est-elle pas simplement que certains ont pris "toute la part dans leur assiette et laissant celle des autres vide » comme disait l’abbé Pierre, et qu’ils ne veulent pas rendent un petit bout ? Voilà ce que j’attends d’un média : tout simplement le respect de la charte de Munich, la vérité et le réel quoiqu’il en coûte, donner une vision. Notre vie est trop courte pour écouter Hanouna ou Pascal Praud qui donnent (ce sont les chiffres) plus de 50% de temps d’antennes à l’extrême droite, ce qui a participé à faire entrer 89 députés issus d’un parti ne prônant que le rejet et la haine, au Parlement.
Le monde change grâce de belles histoires, grâce à un horizon, grâce à une espérance à construire ensemble, grâce à la radicalité sans violence : c’est en grande partie aux médias de l’écrire et je tiens à remercier encore RCF de me permettre humblement, d’y prendre ma part en tant que jeune catholique écologiste.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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