A l'aube d'une nouvelle année marquée par la pandémie de Covid-19, Véronique Margron nous souhaite de "vivre la santé, celle de nous tous, comme la capacité autant que le désir de s’en sortir, ensemble, les uns pour les autres. Pas les uns sans les autres."
« Bonne année et bonne santé », se dit-on tout au long de ce mois de Janvier. Des mots à la fois anodins, comme une façon de se dire « bon jour », mais aussi si chargés de par les circonstances sanitaires actuelles. Nous savons de longue expérience que rien ne s’envole avec l’année passée, que personne ne peut repartir à zéro, pas plus chacun, d’autant plus en sa condition physique qui se moque du passage d’années, que nos hôpitaux ou écoles. Nous aimerions tous être devant une première page toute blanche pour écrire l’an neuf. Mais il n’en est pas ainsi et le poids de nos vies avec tout ce qui les traversent, de douleur comme de bonheur, est là.
Permettez-moi ce matin de m’arrêter sur ce vœu : « et surtout la santé ». Car sauf à être – ne serait-ce que durant la nuit du réveillon- dans la pensée magique, nous savons que la pandémie à la vie dure et ne partira pas par enchantement. Elle est là avec son cortège d’angoisse, de maux, de morts, d’incertitudes et d’épuisements.
Comment alors nous souhaiter une « bonne santé », autrement que comme un mantra qui voudrait conjurer le sort, pour nous-mêmes, nos proches, les femmes et les hommes de ce pays et bien ailleurs.
Je repense alors à cet ouvrage majeur du philosophe et médecin Georges Ganguilhem, « Le Normal et le pathologique », édité en 1966 à partir de sa thèse de médecine en 1943.
La maladie, développe t-il, c’est ce qui gêne les hommes dans l’exercice normal de leur vie et dans leurs occupations et surtout ce qui les fait souffrir. À l’inverse, poursuit-il, la santé, c’est pouvoir agir, pouvoir déborder de soi par les liens que l’on est en mesure de tisser avec son environnement naturel, social et culturel.
Cette approche, fondamentale, pourrait nous faire sortir d’une impasse qui elle aussi fait souffrir et met en échec : opposer la santé et la maladie ; penser la santé comme un état total de bien-être, pour reprendre une partie de la définition de l’OMS.
En revanche, suivant Ganguilhem, vivre sa santé comme une capacité à pouvoir s’adapter à de nouvelles normes. Y compris celles imposées par une maladie grave, un handicap. Penser la santé tel un mouvement, une dynamique, un processus. La santé devient alors une capacité d’adaptabilité à ce qui nous arrive, pour continuer de vivre, d’aimer, de penser.
Mon vœu de 2022 alors pour ce matin : Vivre la santé, celle de nous tous, comme la capacité autant que le désir de s’en sortir, ensemble, les uns pour les autres. Pas les uns sans les autres.
Si la santé était, pour reprendre la belle formule de Georges Ganguilhem, trouver la bonne allure de notre vie. Dans ce qui nous arrive. Bien au-delà d’ailleurs de la pandémie.
Alor chers amis, en ce début d’année je me permets de vous souhaiter du fond du cœur une bonne santé, une belle allure.
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