Activisme versus extractivisme. Stacy Algrain joue avec les mots pour mettre le doigt sur nos contradictions et dénoncer "une bête affamée de richesses et de ressources. Prête à engloutir la Terre, peut-être nous avec". Et au passage elle nous livre une critique du filme "Madame web".
“Je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçue !”. C’est le genre de phrase assassine qu’on utilise pour faire de l’esprit, pour signifier au monde la médiocrité à laquelle nous avons été durement confrontés. Mais que dit-on lorsque tout présageait, au contraire, un feu d’artifice et que la réalité s’en trouve nettement dégradée ? Une bouchée qui laisse échapper un “mouais”. Un écrin qui s’ouvre sur un “Ah, sympa… un livre de psychanalyse pour Noël !” Plus proche de la pie que ce qu’il n’y paraît, les scintillements des choses sous les rayons du soleil peuvent nous laisser planté là, notre imagination galopant à toute allure. Se permettant d’imaginer le plus beau des trésors…
C’est que notre esprit est parfois cavalier et, ce week-end, je l’ai appris à mes dépens. 1h56 avec Cassandra Web, une ambulancière de Manhattan. Un pouvoir : voir dans le futur. Une mission : protéger trois jeunes femmes destinées à un avenir hors du commun d'un mystérieux adversaire qui veut leur mort. Pitch alléchant et casting de haut vol pour “Madame Web”. Sydney Sweeney que j’avais adoré voir vomir dans Euphoria. Dakota Johnson, une népo-baby à la répartie cinglante. Emma Roberts, Adam Scott…
Le casting faisait rêver et pourtant je comprends désormais pourquoi Sydney a préféré prendre discrètement ses distances. Allant jusqu’à rappeler qu’elle avait “juste été embauchée pour être actrice dedans.” Oui, c’était aussi nul que ça. Pas à mon goût, comme la glace à l’avocat. Pas fameux comme la reconversion d’Usain Bolt dans le foot. À croire que courir vite ne suffit pas. Qui me jetterait la pierre, à l’ère du marketing, de vouloir encore croire que combiner deux choses pleines de saveurs séparément, nous conduirait sur l’exponentielle du kiff. Je suis naïve, je le sais, mais c’est que j’ai parfois eu d’excellentes surprises avec des chevaux sur lesquels je n’aurais pas parié un franc… Comme le “Duo” entre Philippe Katerine et Angèle, un bonbon sonore.
J'en viens à la mine de lithium et à l'extractivisme. À ce mot qui illustre pour moi la trahison ultime de notre langue… Figurez-vous qu’en tant que militante, l’activisme, je trouve ça fabuleux. Armés de soupe ou d’une plume, ceux qui s’engagent se font les remparts de notre monde face à la folie des puissants. Civiques, humains ou environnementaux, nos droits n’auront jamais compté de plus fervents défenseurs. Et puis, il y a le mot “extra”. C’est super ou c’est dehors, ce préfixe invite tantôt à l’optimisme, tantôt au regard vers l’extérieur. Extraordinaire.
Mais voilà qu'”extra” rencontre “activisme” et que la magie se transforme en chaos. La paire accouche d’une bête affamée de richesses et de ressources. Prête à engloutir la Terre, peut-être nous avec. L’estomac gronde encore un peu. Qu’on lève un drapeau blanc, je vous en conjure. Car si on nous avait bien prévenu que les mariages n’étaient pas toujours heureux, j’ose espérer qu’une thérapie avec un professeur de la décroissance pourra rabibocher ces deux-là…
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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