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Manifester aux animaux la tendresse de Dieu

Un article rédigé par Adrien Louandre - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Tout est liéManifester aux animaux la tendresse de Dieu

"Aujourd’hui, une des plus grandes enthousiasmantes avancées est celle de la prise en compte de la sensibilité de l’animal de la présence en chaque être vivant d’un « souffle de vie » et donc de l’importance de notre rôle, en tant qu’êtres humains à préserver cette vie."

Adrien LouandreAdrien Louandre

La primaire écologiste a vu de beaux échanges démocratiques, des visions très différentes de l’écologie et aussi quelques concepts complexes qu’il convient de creuser, comme « la décroissance » qui en réalité évoque une décroissance marchande pour croître en liens c’est-à-dire en fraternité. A l’occasion de cette primaire et dans mon travail, je croise beaucoup de personnes qui me disent « non mais moi, l’écologie politique si c’est EELV je n’y crois pas, ce n’est pas pour moi l’écologie » … disent-ils en travaillant dans les services publics avec dévouement, ou faisant de la permaculture, travaillant sur eux-mêmes pour mieux entrer en relations etc. Beaucoup ne croient plus en la politique, et on les comprend. Pourtant ils vivent l’écologie en vivant cette fraternité. Permettez-moi de répéter ce mot de fraternité. Il est celui qui éclaire la devise de la République et qui la conditionne. Liberté et Egalité sont des droits, la fraternité s’impose à l’être humain, elle n’est pas innée mais s’acquiert pas. Pas de vraie liberté ni de vraie égalité si on ne perçoit pas dans chacun de ses frères et chacune de ses sœurs, l’être qu’il est dans sa profondeur, son histoire, sa beauté, sa dignité. Pour moi l’écologie peut donc aussi se dire « fraternité » puisque le but de l’écologie est de rebâtir une société « du Lien et du Commun ». L’écologie intégrale n’est rien d’autre qu’une exigeante fraternité intégrale.

En chaque être vivant, un "souffle de vie" 

Justement, vous me connaissez Anne, j’aime bien partir loin pour revenir au sujet ! Dès l’Antiquité grecque, pour Plutarque : « la douceur envers les bêtes accoutume de manière étonnante à la bienveillance envers les Hommes. Car cela qui est doux, qui se conduit avec tendresse envers les créatures non humaines ne saurait traiter les hommes de manière injuste » (promis, je ne citerai pas François d’Assise dans cette chronique !) et l’Evangile, en Luc 12.6 nous dit en parlant des animaux « qu’aucun d’entre eux n’est oublié devant Dieu » et si Dieu est créateur, ne sommes-nous donc pas frères avec tous les êtres de cette Terre ? Ainsi,  « Heureux les Doux » est une béatitude qui ne convient plus seulement aux Humains, mais au Vivant tout entier.

Il a été longuement expliqué la responsabilité historique du Christianisme dans la création d’une société cartésienne où l’Homme considère le Vivant comme une ressource exploitable. Aujourd’hui, une des plus grandes enthousiasmantes avancées est celle de la prise en compte de la sensibilité de l’animal de la présence en chaque être vivant d’un « souffle de vie » et donc de l’importance de notre rôle, en tant qu’êtres humains à préserver cette vie. Je m’inscris toutefois en faux avec nombres d’écologistes qui, avancent dans la même phrase qu’il convient « d’améliorer les droits des animaux (certes) mais aussi d’autoriser l’euthanasie ». Il n’y a qu’un seul et même regard sur la Vie : celui de la choisir. On ne fait pas de bioéthique sans nuance et en donnant le pouvoir à qui que ce soit d’effacer la vie du plus faible. La richesse de la pensée sociale de l’Eglise est claire sur ce point, et j’y souscris.

« Qu’aucun de nos frères ne puisse se plaindre de n’avoir trouvé en nous la tendresse de Dieu »

Dans son exhortation « la joie de l’Evangile » le Pape François appelle à une révolution de la tendresse : c’est bien à cela que nous sommes appelés. J’y crois profondément : là est la véritable révolution, celle qui peut consumer les cœurs : envers nous-mêmes, les autres, le Vivant et Dieu, nous sommes appelés fermement à un regard tendre.

Je voudrais conclure par un appel pour vous cher auditeur, chère auditrice en reprenant les mots si exigeants du théologien suisse Maurice Zundel : « Il faut qu’aucun de nos frères ne puisse se plaindre de n’avoir trouvé en nous la tendresse de Dieu ».

 

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