Pour toute la durée du confinement, et jusqu'au 29 mai, RCF retransmet tous les soirs de 20h30 à 21h un temps de prière en DIRECT de la communauté de Taizé. Le déroulement complet de la prière est disponible sur le site de Taizé.
"Pierre écrit: Quand le Christ a été insulté il ne rendait pas l’insulte, souffrant il ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice." (1 P 2,19-25)
Rendre la pareille, souvent c’est cela que nous pensons devoir faire quand d’autres nous font mal. Il faut bien que justice soit faite. Sinon, on se fera marcher dessus. Rendre la pareille, cela semble nécessaire à l’équilibre, aux justes relations entre personnes, entre groupes et entre peuples. On peut aller même plus loin et prévenir : pour ne pas avoir à riposter, il y a la dissuasion. Si mes menaces font bien comprendre aux autres qu’ils ne s’en prendront pas à moi impunément, ils me laisseront tranquille.
Jésus a agi autrement : "Quand il a été insulté il ne rendait pas l’insulte." Jésus n’a pas subi l’humiliation sans rien dire. Giflé par un garde du grand-prêtre, il lui a posé cette question : "Pourquoi me frappes-tu ?" (Jn 18,23). Mais il a renoncé à rendre la pareille. Non par faiblesse, mais parce qu’il était intérieurement libre, libre d’aimer même ses ennemis. C’est ainsi qu’il a brisé la chaîne du mal, l’enchaînement vicieux où chaque insulte perpétue l’insulte précédente. "Souffrant il ne menaçait pas." Jésus était-il résigné ? N’aurait-il pas dû résister à ceux qui le faisaient souffrir ? A-t-il renoncé à la justice ? Non ! Nous l’avons lu, et c’est très important : "il s’en remettait à Celui qui juge avec justice." Jésus aimait la justice. Mais il ne menaçait personne parce que Dieu et sa justice étaient pour lui aussi réels et plus certains même que tout le mal que des hommes pouvaient lui infliger.
Apprendrons-nous de Jésus à renoncer à la menace et à interrompre les cercles vicieux des humiliations et de la violence ? Renoncer à rendre la pareille, cesser de dissuader par la menace, aimer ses ennemis et pardonner, ces attitudes comportent des risques considérables. En relevant Jésus des morts, Dieu a donné raison à la confiance qu’il lui avait fait. Seul l’Esprit saint peut mettre en nos cœurs la même confiance en Dieu et sa justice, pour oser aimer, pour oser pardonner.
Le témoignage d’espérance nous vient ce soir de Croatie, de la ville d’Osijek à l’est du pays, pas très loin de Vukovar, la ville qui est devenue un symbole des horreurs de la guerre du début des années 1990. Même dans ces années sombres, des groupes ont pu venir à Taizé. Maja et Slaven, deux jeunes qui ont aidé à les organiser à l’époque, se sont mariés par la suite. Ils ont maintenant l’habitude de venir aux rencontres de famille à Taizé avec leurs deux enfants Ivan et Dora. Slaven écrit : "Nos expériences de ce temps de confinement sont mitigées. Être séparés de personnes aimées et ne pas pouvoir aller à la messe et aux prières communes, cela nous a pesé. Mais nous sommes heureux d’avoir pu suivre la prière de Taizé en ligne. Elle nous a donné la paix si nécessaire.
Ce qui nous manquait aussi, c’était la prière avec les chants de Taizé que nous organisons dans notre ville d’Osijek, dans la chapelle de St. Roch qui n’est éloignée de notre maison que de quelques mètres. Alors nous avons décidé de prier ensemble avec nos amis par Zoom. Nous étiez une dizaine de personnes, reliées par Zoom dans la prière commune ; une de nos amies a même joué de la flûte. C’était beau de voir, au début de la prière, les visages joyeux de personnes aimées et, pendant la prière, de sentir une forte communion et de partager l’espoir de pouvoir sans trop tarder se retrouver à nouveau dans notre église. Nous espérons beaucoup revenir à Taizé, mais nous ne savons pas encore si cela sera possible cet été. Merci de vous souvenir de nous, et beaucoup de salutations d’Osijek !"
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