"À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup"
Méditation de l'évangile (Lc 12, 39-48) par le père Michel Quesnel
Chant final: "Seigneur, je vous en prie" de Francis Poulenc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous le savez bien :
si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors :
« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,
ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit :
« Que dire de l’intendant fidèle et sensé
à qui le maître confiera la charge de son personnel
pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur
que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare :
il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même :
“Mon maître tarde à venir”,
et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes,
à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra,
le jour où son serviteur ne s’y attend pas
et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera
et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,
n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,
recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas,
et qui a mérité des coups pour sa conduite,
n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné,
on demandera beaucoup ;
à qui l’on a beaucoup confié,
on réclamera davantage. »
Source : AELF
L’ignorance est très présente dans cette page d’évangile en forme parabolique, à travers trois personnages aux comportements différents. C’est d’abord un maître de maison victime d’un cambriolage. Lesdites victimes n’ont en général aucune idée de ce qui va leur arriver, avant que les voleurs n’interviennent. Après coup, elles se reprochent en général de n’avoir pas suffisamment sécurisé leur habitation ; mais il est trop tard.
Ensuite, Jésus évoque le comportement d’un intendant fidèle et sensé, après que Pierre lui a posé la question de savoir s’il parlait pour ses disciples ou pour tout le monde. Cet intendant n’a pas besoin que son maître le surveille pour faire correctement son métier. Le maître est absent, l’intendant ignore quand il reviendra, mais il est tout sauf insouciant. A son retour, le maître reconnaîtra son mérite et l’établira sur tous ses biens.
Jésus évoque enfin la figure d’un serviteur qui ne sait pas tirer parti de son ignorance. Le maître étant absent, ce serviteur peut se lasser d’attendre. Laissé à lui-même, il se conduit alors n’importe comment, bat les autres serviteurs et les servantes, se gave de nourriture et s’enivre. Il recevra alors le salaire de son comportement, une punition proportionnée à son savoir. Plus on est informé, plus on est responsable.
Ne tombons cependant pas dans le paradoxe. Il ne s’agit pas de cultiver l’ignorance ou de s’y complaire. Il s’agit simplement de la reconnaître, sans orgueil et sans fausse humilité.
Oui, Seigneur, malgré les progrès de la science, il y a plein de choses que nous ignorons, en particulier l’heure de notre mort. Que cette ignorance nous motive au lieu de nous paralyser.
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