A l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui se déroule du 18 au 25 janvier 2025, RCF Alpha réunit autour de la table différents acteurs de l'œcuménisme pour comprendre les enjeux de ce temps fort.
Participent à cette table ronde sœur Françoise, de la congrégation des filles du Saint-Esprit de Rennes, Claire Oberkampf, pasteure missionnaire protestante à Rennes, Vincent Mahé, diacre responsable du dialogue œcuménique pour le diocèse de Rennes, ainsi que le révérend Patrick Malone de la communauté anglicane de Dinard.
La semaine de prière pour l’unité des chrétiens s’est ouverte. L’occasion de rappeler qu’ “Il y a plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent, souligne Vincent Mahé. On a tous été touchés par la parole de Jésus, vrai homme et vrai Dieu. Même si on traduit ça de manière différente dans le rituel, la façon d’interpréter la parole, dans la façon de vivre. C’est l’occasion de rappeler à tout le monde : comment s’enrichir de la différence de mes frères et sœurs chrétiens, et de me demander : qu’est-ce que je fais pour l’unité, y compris dans mon Eglise ?” “Je trouve que cette confrontation nous aide à nous convertir, d’abord, abonde sœur Françoise. Parce qu’on n’est pas le centre du monde. On a beaucoup à s’apporter.”
“Nous sommes appelés à œuvrer pour un monde de paix, de justice, d’amour, et faire avancer le royaume de dieu sur terre, rappelle Claire Oberkampf. Quand on prie ensemble, on se met ensemble sous le regard de Dieu, dans une posture commune. C’est là que cette semaine est une idée géniale, on se retrouve sous le même toit. C’est fort. En tant que pasteur, prêtre ou diacre, on a des agendas bien remplis. Cette semaine est l’occasion de se rencontrer. C’est très précieux.”
Le temple de Rennes de l’église protestante unie a noué relation avec la paroisse Saint-Augustin. Une fois par mois un groupe œcuménique se réunit pour organiser des formations, des célébrations, des actions. Le dimanche 19 janvier dernier, le pasteur Hervé Stücker et le père Jean-Claude Lemaître ont échangé leurs chaires au temple protestant et à l’église. “Le lien se crée en apprenant à se connaître, constate Vincent Mahé. Et ça prend du temps de se faire des amis.”
Le révérend Malone croit, lui aussi, à l’importance de chaque petit geste. “J’ai été invité par des voisins catholiques. Nous avons partagé un repas, puis un temps de prière. Et là, ils ont allumé une bougie, rien que ce geste, j’ai appris quelque chose, comment inviter la présence du saint esprit.”
Cette année marque le 1700e anniversaire du premier concile œcuménique, qui se tint à Nicée, près de Constantinople, en 325. L’occasion de se souvenir que “La diversité est présente dès le début, pour Claire Oberkampf. Ne serait-ce que par les quatre évangiles, écrites par quatre traditions différents. Et puis on a fait le premier concile œcuménique, et ensuite il y a eu d’autres divisions. L’important c’est de considérer ces différentes approches comme des richesses, et d’arriver à être en dialogue et s’enrichir les uns des autres.”
Vincent Mahé abonde en ce sens : "On le voit dans les lettres de Paul, qui rappelle qu’il n’y a qu’un seul seigneur, une seule église. Dès le départ des gens se revendiquaient d’un pasteur, ou d’un ministre, plutôt que du christ. Pourtant c’est l’église du christ, avant l’église comme institution." "Toutes les divergences que l’on connait sont souvent liées à des événements humains, sociaux, politiques, qui nous dépassent", analyse sœur Françoise.
La semaine de prière pour l’unité des chrétiens connaitra un rendez-vous important, ce mardi 21 janvier, à 20h, en l’église Saint Augustin à Rennes : une célébration de prière pour l’unité des chrétiens, en présence de l’archevêque Mgr Pierre d’Ornellas. “Ce sera le climax de la semaine, beaucoup de musiciens serons là !” sourit Claire Oberkampf.
Protestants, évangéliques, orthodoxes et maronites participent à cette célébration, avec le père Rachid Gemayel, prêtre de la communauté maronite de Nantes et Rennes. “Aujourd’hui il existe une traduction œcuménique de la Bible, explique Vincent Mahé. Il y a eu de nombreux débats sur les traductions, les mots. Les différentes confessions chrétiennes ont réussi à se mettre d’accord. Et en général, c’est cette traduction là que l’on utilise lors des célébrations œcuméniques."
Parmi les découvertes que sa mission de délégué diocésain à l’œcuménisme, lui a permis, l’église maronite. “J’ai assisté à une messe maronite à Rennes, à Saint-Etienne, raconte Vincent Mahé. Première surprise, toute la célébration utilise la langue arabe ou l’araméen. Heureusement, c’est traduit en français. C’était assez proche du culte catholique romain. Il y avait de très beaux signes. Par exemple, le prêtre maronite, avant d’aller à l’autel pour la consécration des offrandes, demande que l’assemblée prie pour lui, avec insistance. C’est beau car, être prêtre, ce n’est pas un pouvoir, c’est un service. Il remontait l’assemblée avec l’évangile avant de la lire. Dans tous les cultes, il y a des gestes, des paroles, qui sont posés, qui sont très beaux.”
"Nous avons une responsabilité à ce que nos églises soient des lieux de joie, de fête, explique Claire Oberkampf. On est aussi responsables, tout particulièrement les responsables d’Eglises, de comment on parle des autres confessions. Par exemple, dans notre temple, on a beaucoup de personnes qui ont des parcours de foi divers, qui sont passés dans des églises évangéliques, dans des églises catholiques, et qui changent de confession. Il faut arriver à accueillir cela, les aider à ce que ce fil de leur vie soit cohérent, et pas un discours de rupture. On a vraiment une responsabilité là-dessus.”
Ce sujet de la conversion, l’aumônier de l’église anglicane de Dinard, Patrick Malone, le connait bien. “J’ai été élevé dans une famille catholique, éduqué en pension par les moines bénédictins. Je me suis éloigné de dieu pendant mon adolescence, me revendiquant comme agnostique. Et c’est grâce aux autres jeunes gens chrétiens, catholiques comme protestants, qui parlaient de Jésus, une personne réelle, en vie, avec qui avoir une relation personnelle, que j'ai renoué. J’étais brisé de mon expérience passée, au début je ne voulais pas suivre l’appel, et c’est seulement à l’âge de 32 ans que j’ai suivi l’appel, été formé, pour être ordonné dans l’église anglicane.”
Et après cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens ? “Il y a des terrains où l’on peut agir ensemble, assure Vincent Mahé. Toute l’action sociale, l’écologie, avec Les Chrétiens unis pour la terre, par exemple. Les démarches églises vertes sont aussi des démarches œcuméniques."
"Je suis allé assister au culte des évangéliques de Christ pour tous, qui est dans le quartier de Cleunay, à Rennes. Et à la fin, une dame a lancé un appel pour aider une personne qui a peu de moyens pour déménager ses meubles. Il se trouve qu’à la paroisse, on a une association qui fait ça. Bien sûr, je lui ai donné le numéro de téléphone. J’e l’ai pris comme un clin d’œil du seigneur. Il n’y avait plus de frontière, on travaillait ensemble pour donner un coup de main à cette dame.”
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