Avec les révélations d'abus et de cas d'emprise spirituelle, l'accompagnement spirituel est au centre de l'attention. Samedi dernier, près de 200 personnes ont participé à une journée diocèsaine organisée à Paris sur le thème de "L'accompagnement spirituel". Être accompagné pour avancer dans la foi, cela correspond à une tradition ancienne de la religion chrétienne. Mais cela doit se faire avec délicatesse et justesse : sont en jeu la liberté intérieure et la relation intime avec Dieu. Comment mettre des mots sur ce que serait une écoute juste ? En janvier 2020, la revue Christus a publié le dossier "Pour un accompagnement sans emprise" (numéro N°265).
L'accompagnement psychologique ne fait pas partie des compétences de l'accompagnateur spirituel. "Il faut faire attention à ça", insiste le Père Bernard Pitaud à une époque de "vulgarisation de la psychologie", où chacun peut accéder à des théories de psychologie. Comme le précise Paul-Hervé Vintrou, auteur d'un "Manuel de l'accompagnant spirituel" (éd. Salvator), "l'accompagnement psychologique c'est davantage pour soigner".
"Le rôle de l'accompagnateur spirituel va être d'abord d'aider une personne à comprendre la manière dont Dieu se fraie un chemin dans sa vie et la manière dont elle-même avance spirituellement", selon la définition du P. Pitaud. La relation à Dieu et aux autres, c'est "ce à quoi l'accompagnateur spirituel va être attentif".
Spontanément, beaucoup se tournent vers les prêtres pour trouver ce que l'on appelle un père spirituel. Mais certains choisissent d'être accompagné par un religieuxc ou une religieuse, voire un laïc. "Je pense qu'il faut poser comme base que l'accompagnement spirituel n'est pas réservé aux prêtres, suggère le Père Pitaud, qui ajoute : dans toute l'histoire de l'Église il y a eu des accompagnateurs ou des accompagnatrices qui n'étaient pas prêtres."
Pour accompagner spirituellement une personne, il faut ce que Marie-Caroline Bustarret appelle "un certain charisme d'écoute, de discrétion dans la relation". Et l'on peut être un bon prêtre et ne pas avoir ce charisme-là !
Qu'il soit donc prêtre, laïc ou religieux, l'accompagnateur spirituel doit être formé. Il peut suivre un enseignement, mais en la matière la formation se fait en grande partie par l'expérience. Il est donc essentiel pour un accompagnateur d'être lui-même supervisé par un accompagnateur plus expérimenté que lui.
L'accompagnement spirituel est d'abord une relation entre deux personnes. "Il y a toujours quelque chose qui se joue et dont on n'est pas forcément conscient", souligne le P. Pitaud. D'où l'importance de "requestionner en permanence ce charisme d'écoute", propose Marie-Caroline Bustarret. Et "de toujours essayer de garder la bonne place".
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