"Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix !"
Méditation de l'évangile (Lc 19, 41-44) par le père Emmanuel PIC
Chant final: "Si je t'oublie Jérusalem" par Hélène GOUSSEBAYLE
En ce temps-là,
lorsque Jésus fut près de Jérusalem,
voyant la ville, il pleura sur elle, en disant :
« Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour
ce qui donne la paix !
Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux.
Oui, viendront pour toi des jours
où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi,
t’encercleront et te presseront de tous côtés ;
ils t’anéantiront,
toi et tes enfants qui sont chez toi,
et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre,
parce que tu n’as pas reconnu
le moment où Dieu te visitait. »
Source : AELF
Jésus aime Jérusalem. Elle n’est pas seulement la ville où il va rencontrer son destin, mais elle est LA ville, la cité de David, orgueilleusement entourée de ses remparts réputés imprenables, au milieu de laquelle trône le gigantesque Temple qu’Hérode est en train de reconstruire. Elle est, plus que toute autre, la cité de Dieu, dans laquelle le Seigneur, à la fin des temps, dressera une table où afflueront toutes les nations, invitées à prendre part au festin du Royaume.
Jésus n’est pas un pur esprit, peu intéressé par les biens de ce monde. C’est pourquoi il pleure sur Jérusalem : il a l’intuition du drame qui la guette et qui se réalisera en effet quelques années après lui. Il connaît l’histoire, et sait la fragilité de la ville de David, qui est la fragilité de toute construction humaine. Jérusalem a déjà été ruinée une fois dans son histoire. Ce ne sera sans doute pas la dernière.
Oublions qu’il s’agit de Jérusalem, et pensons à nos villes, à nos pays où règnent une prospérité et un bien-être que le monde entier nous envie. Nous aussi, comme Jérusalem, nous sommes riches, nous sommes puissants. Comme elle, nous sommes fragiles, car cette richesse et cette puissance sont assises sur des bases bien incertaines – quand elles ne reposent pas sur la misère d’autres parties du monde. Sans doute Jésus pourrait-il aussi pleurer sur nous. Sans doute aussi pourrions-nous entendre cette interpellation : « Si tu avais su, en ces jours, comment trouver la paix ! »
Trouver la paix et la construire : voilà ce qui a manqué à Jérusalem et ce qui fait défaut à nos cités d’aujourd’hui. La paix, oui, mais pas n’importe laquelle. Une paix qui ne soit pas simplement cessation des hostilités, mais qui commence par la paix intérieure, se poursuive dans nos relations proches, une paix qui se fasse désirable et durable. Une grande paix qui commence par des micro-paix, de petites initiatives de fraternité qui donnent du corps au commandement du Christ « aimez vos ennemis. »
Il y a bien des années, frère Roger de Taizé écrivait depuis Varsovie encore derrière le rideau de fer : « La paix, elle commence en toi-même, en silence, au secret du pardon. » Que cette parole, qui résonne aujourd’hui encore avec tant d’actualité, oriente notre prière de ce jour, et qu’elle nous invite à donner et à recevoir le pardon comme la première pierre de la paix.
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