Pendant six semaines, le Châtelard - près de Lyon - organise cet été un accompagnement spirituel, pratique et théorique pour les jeunes croyants soucieux de l’état de la planète. Une première.
Situé à Francheville dans le Rhône, l’éco-centre spirituel jésuite du Châtelard organise cet été une retraite d’une durée de six semaines pour les jeunes adultes. Pour cette première édition, le centre spirituel propose de faire entrer en résonance la foi chrétienne et la conversion écologique à travers des temps de prière, mais aussi des apports théoriques et scientifiques sur l’état de la planète et la destruction de la biodiversité, et des ateliers pratiques (maraîchage, pèlerinage vers des éco-lieux, …). Entretien avec le jésuite Alexandre Masson.
En quoi consiste cette première édition de l’école de vie Laudato Si ?
Alexandre Masson : La formation se tient du 28 juin au 11 août 2024 et s’adresse aux jeunes de 20 à 35 ans. En approfondissant la vocation chrétienne de ces jeunes adultes en écologie intégrale, le but est de les former et de les aider à mieux articuler leur foi avec les enjeux de transition écologique. Des séminaires autour de l’écologie transdisciplinaire, de l'éco-théologie ou encore sur la doctrine sociale de l’église seront proposés. Mais il y aura aussi toute une dimension du séjour relative à la vie fraternelle et communautaire, avec des prières ou encore des services rendus (autour de la ferme biologique notamment). Une dimension spirituelle également que les participants pourront vivre à travers une vie de prière personnelle et en s’appuyant sur les ressources de la tradition ignatienne chère au centre.
Nous souhaitons mettre au service de ces jeunes la tradition jésuite de discernement et d’accompagnement en mélangeant formation, vie fraternelle et vie spirituelle.
L’apport pédagogique de la formation suit une pédagogie “Tête-Corps-Coeur”. Qu’est-ce que c’est concrètement ?
AM : C’est une approche développée par Xavier de Bénazé, une autre jésuite du centre qui a notamment participé à la fondation du Campus de la Transition à Paris. À travers cette pédagogie, on se demande comment la formation peut être éprouvée par le corps. Il s’agit de redonner de la chair à un contenu intellectuel. Ça passe par la créativité des modalités d'apprentissage et justement nous utilisons le parc mis à notre disposition et ses ressources pour aller plus loin dans la compréhension.
L’école de vie dure six semaines, pourquoi avoir voulu offrir un accompagnement si long ?
AM : Une formation longue permet un discernement plus profond. Elle est à destination de jeunes qui veulent aller plus loin pour enraciner leur vocation chrétienne et mieux s’engager. Ils s'inscrivent souvent à des moments charnières de leur parcours d’études ou au début de leur vie professionnelle. Cette proposition entend ainsi répondre à ce besoin : qu’y a-t-il dans l’Eglise pour aider des jeunes à intégrer leurs désirs de s’engager en écologie tout en étant chrétien ? Et sans mettre l’un et l’autre en opposition.
Cette idée rejoint le collectif chrétien sur l’écologie Lutte et contemplation qui a ce désir d’action, d'engagement dans le monde, de conscience vive face à l’urgence d’agir tout en intégrant la spiritualité. Comment est-ce que notre relation au Christ interpelle nos engagements politiques et sociaux ? Et inversement, en quoi cette conscience écologique revisite-t-elle notre manière de vivre notre foi ? On peut découvrir de nouvelles modalités de prière, avec les moutons en pâturage au Châtelard par exemple, en écoutant les oiseaux !
Qu’est-ce que la “charpente intérieure” pour donner aux jeunes la force de s’engager ?
AM : Dans un monde qui bouge, rempli d’incertitudes, le risque c’est d'être sur une position défensive et de chercher à se protéger. François Bodet, un ancien provincial, aimait nous rappeler cette image de la charpente intérieure qu’il opposait à l'armure extérieure. Il y a une manière de se rapporter au monde comme chrétien qui est de se protéger et de construire sa vie paisiblement en parallèle. Et puis il y a une manière d’être fondé en Christ, qui nous construit intérieurement et qui nous donne cette agilité pour entrer pleinement en conversation avec nos contemporains, y compris ceux qui ne partagent pas explicitement notre foi mais avec lesquels on peut s’engager et faire de belles choses.
L’école de vie est vraiment un lieu-mission pour traiter de la question de l’écologie et de la transition mais cela suppose que l’on soit enraciné. La formation entend justement répondre à ce besoin là que l’on sent chez les jeunes : où trouver de la stabilité dans un monde instable ? Où trouver cette assurance qui nous permet de nous engager dans le monde ?
Pour s'inscrire : « École de vie Laudato Si » du 28 juin au 11 août 2024 au centre spirituel jésuite du Châtelard - Francheville (Rhône) dans la région lyonnaise.
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