Mariée et mère de famille, Angèle est une des grandes mystiques du XIIIe siècle.
Sainte Angèle, fêtée le 4 janvier, est née en 1248 – 22 ans après la mort de François d’Assise – à Foligno en Ombrie, au sud de Pérouse et d’Assise. Ses parents sont des gens riches. Ils la marient à 20 ans et Angèle a plusieurs fils. Elle mène une vie de plaisirs, dans l’insouciance pendant de nombreuses années.
Un jour, elle ressent l’appel à se confesser, mais elle omet consciemment de dire certains de ses péchés au prêtre car elle en a trop honte. Néanmoins elle communie après cette confession, tout en sachant qu’une telle communion est sacrilège. Peu de temps après, saint François d’Assise lui apparaît et la lance de manière décisive sur la voie de pénitence. Désormais elle va vivre une vie de pénitence et de prière avec le désir d’imiter le Christ. Elle distribue son argent aux pauvres. Sa famille croit qu’elle est devenue folle. Peu de temps après, en 1288, elle perd successivement son mari et tous ses fils. Elle a 40 ans. Elle peut alors se donner totalement à Dieu. Trois ans plus tard, elle devient tertiaire franciscaine. Elle mène désormais une vie mystique avec des visions de la passion du Christ et des grandes mortifications.
Une de ces mortifications est spectaculaire. Avec une compagne, elle a lavé les mains d’un homme lépreux. Elle décide alors de boire cette eau fétide en surmontant son dégoût. Voici encore un exemple de folie d’amour que seuls les saints sont capables de faire, mais qui n’est pas nécessaire pour devenir – je vous rassure – un saint. Comme dirait Thérèse de Lisieux, ce genre d’action ne fait pas partie de ma petite voie. Toujours est-il qu’Angèle déclare après avoir bu :
Je n'ai jamais trouvé meilleur goût à aucune liqueur, et cependant j'avais bien senti dans ma bouche les écailles qui étaient tombées des mains de ce pauvre.
Angèle médite la passion du Christ qui suscite en elle un amour dévorant et une grande compassion. La vue d’un crucifix fait immédiatement couler ses larmes. Elle communie littéralement aux souffrances du Christ. Elle avoue :
Quand je méditais sur la Passion, je souffrais le supplice de la Compassion ; j'éprouvais dans les os et les jointures une douleur épouvantable et une sensation comme si j'avais été transpercée corps et âme.
Un jeudi saint, elle entend cette parole bouleversante du Christ :
Ce n'est pas pour rire que je t'ai aimée !
Une parole qui s’adresse aussi à chacun d’entre nous. La contemplation de la croix nous montre jusqu’où Dieu a voulu nous aimer.
Elle boit le sang du Christ qui coule de ses plaies qui lui dit : « J'ai voulu naître pour toi. Pour toi, m'abaisser à un tel degré d'indignité et d'abjection qu'en retour, tu dois naître à Dieu et mourir à tes vices. » Il lui dit aussi : « Je veux que tu sois utile à tous les hommes. »
Pour cela, Angèle va mettre par écrit le fruit de ses expériences mystiques. Cela va donner un des chefs d’œuvre de la littérature spirituelle connu sous le titre de Livre d’Angèle de Foligno. C’est un ouvrage écrit en latin qui compte 70 chapitres où Angèle décrit son cheminement spirituel, sa progression dans sa relation à Dieu. Elle consacre les 18 premiers chapitres à décrire ce qu’elle considère comme les 18 étapes indispensables pour arriver à la conversion. Ce sont les étapes qu’elle a elle-même suivies. Cela part de la connaissance de ses péchés jusqu’à la découverte de l’espérance en passant par la confession de ses péchés, la miséricorde, la rencontre de Jésus Christ et de sa croix, la communion à sa passion et la révélation du Cœur de Jésus.
Angèle de Foligno meurt en 1309 à l'âge de 61 ans. Alors s’accomplit pour elle la promesse que Jésus lui avait faite : « Ô mon épouse, ô toi que j'ai aimée d'Amour… je viendrai à toi en personne. »
Angèle est béatifiée par le pape Clément XI le 11 juillet 1701. Elle est déclarée sainte par canonisation équipollente le 9 octobre 2013 par le pape François.
La procédure de canonisation équipollente est une procédure exceptionnelle qui est utilisée pour déclarer saintes des personnes déjà béatifiées. Elle se fait par simple décret du pape (donc sans cérémonie officielle) et sans qu’il y ait un miracle supplémentaire reconnu. Pour qu’il y ait une canonisation équipollente, il y a 3 conditions à remplir :
La canonisation équipollente consiste simplement à étendre à l’Église universelle le culte liturgique rendu au bienheureux. Je vous rappelle que la différence entre un bienheureux et un saint réside justement dans ce culte. Le bienheureux peut être vénéré dans le diocèse de sa mort, le saint dans l’Église universelle.
Les canonisations équipollentes sont rares. Le pape François en a faites 6, parmi lesquelles celles de Pierre Fabre, François de Laval, Marie de l’Incarnation.
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