'Le Diable se frotte les mains depuis au moins le siècle dit des Lumières', selon Jacqueline Kelen. Celle que certains désignent comme une ermite au cœur de Paris nous avait habitués à des ouvrages sur la solitude et l’amitié, la puissance du cœur ou la force des larmes - des écrits toujours traversés de lumière. Aujourd’hui, c’est par la face noire de la vie spirituelle qu'elle nous revient avec 'Le diable préfère les saints' (éd. Cerf). Une société qui rejette Dieu rejette aussi le mal. Or la puissance du mal existe, elle n'est ni superstition populaire ni hallucination. Jacqueline Kelen ose aborder un sujet grave, qui a le mérite d'inciter chacun à un réveil spirituel.
Le mal, notre 'raison triomphante' l'élimine aujourd'hui à coup de 'thérapie, d'analyse et de calmants'. Femme de culture, Jacqueline Kelen poursuit quant à elle son exploration des mythes fondateurs et de notre héritage spirituel. Sans se laisser aveugler par la 'fée électricité qui d'évidence dissoud l'obscurité et les ténèbres'. Ses recherches l'amènent à côtoyer les grands saints et mystiques de l'histoire chrétienne. Ceux à qui, tôt ou tard, 'l'Ennemi se présente pour barrer la route et arracher l'âme à Dieu'. Parce que derrière les métaphores, il y a la réalité du combat spirituel, Jacqueline Kelen invite à prendre au sérieux cet héritage-là aussi.
Le Diable a mille ruses. Les grands saints, comme Catherine de Sienne ou Thérèse Avila, parlent d'une apparence animale monstueuse à l'aspect affrayant. Mais aussi de l'apparence parfois d'êtres familiers, voire d'ange de lumière. Le Diable use de la peur, de la force ou de la séduction pour avilir l'être. 'Satan c'est le dégradant', nout dit Malraux dans ses 'Antimémoires' (1967).
'Les amis de Dieu sont ceux qui connaissent le Diable de plus près.' Le Curé d'Ars signifiait par cette phrase que le Diable s'attaque surtout à ceux qui croient. 'Soit à ceux qui sont en état de grâce soit à ceux qui s'éveillent à la foi', explique Jacqueline Kelen. Le combat spirituel est donc 'une épreuve majeure mais aussi une élection', quelque part.
Le propos de Jacqueline Kelen est aussi de montrer combien le combat spirituel nous permet d'expérimenter que nous ne sommes pas seul. 'Nous ne sommes jamais abandonnés mais le combat spirituel est un combat singulier entre un ami de Dieu et celui qu'on appelle le Mauvais.' La 'meilleure victoire sur le Diable', selon l'écrivain, c'est la joie spirituelle, car le Mauvais n'est jamais joyeux.
Écrivain, productrice à France Culture pendant vingt ans, Jacqueline Kelen a publié une trentaine de livres consacrés aux grands mythes, aux figures mystiques et à la vie intérieure, comme 'Bréviaire du colimaçon - Sur la vie spirituelle', (éd. Desclée de Brouwer, 2015) ou 'Une robe de la couleur du temps - Le sens spirituel des contes de fées', (éd. Albin Michel, 2014).
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