À la suite des Pères du désert, ces "spécialistes de la vie intérieure" des premiers temps du christianisme, Jean-Guilhem Xerri nous invite à redécouvrir notre intériorité.
'Quand les poissons restent trop longtemps hors de l'eau, ils meurent. Pour les moines, c'est pareil ! Quand ils restent longtemps hors de leur cellule ou bien quand ils passent leur temps avec les gens du monde, ils perdent la paix profonde de leur cœur. Faisons vote comme les poissons. Eux, ils rentrent vite dans la mer. Nous aussi, rentrons vite dans notre cellule pour ne pas oubier notre vigilance intérieure.'
Antoine du désert (251-356), père du monachisme chrétien
Que nous soyons moine que nous ne le soyons pas, nous avons tous une cellule : notre intériorité. Un espace que trop souvent nous négligeons. Or, il est vital que nous le visitions ! '(Re)vivez de l'intérieur' (éd. Cerf), c'est le titre du dernier ourvage de Jean-Guilhem Xerri. Un livre, accompagné de méditations audios à télécharger, qui encourage à prendre en compte notre intériorité à la suite des Pères du désert, ces 'spécialistes de la vie intérieure' des premiers temps du christianisme.
Le chemin d'intériorité que propose la tradition chrétienne est un chemin 'souvent oublié', et pourtant c'est 'un chemin sûr', nous dit Jean-Guilhem Xerri. 'Un chemin sûr' car les aphorismes des Pères (et aussi les Mères) du désert sont le fruit de leur expérience, eux qui ont accompagné de nombreuses personnes. Un véritable 'patrimoine fondé sur une expérience' et qui a nourri 'une tradition mystique de vie intérieure pendant des siècles et des siècles'.
'Rien de ce qui est découvert aujourd'hui ne contredit ce qui est affirmé par les Pères du désert.' Biologiste médical, Jean-Guilhem Xerri observe par exemple que les Pères du désert avaient déjà découvert l'existence des maladies somatopsychiques, ces maladies du corps qui ont une influence sur le psychisme et que l'on redécouvre aujourd'hui à l'aide des neurosciences.
Tenir ensemble les trois dimensions de notre être - corps, psychisme, esprit - est d'autant plus essentiel que nous vivons 'dans un régime culturel où on est plutôt attentif à la vie du corps et du psychisme'. Or, pour les Pères du désert, il y a bien trois dimensions de l'être :
- le corps qui permet d'être en relation avec le monde extérieur, par les sens ;
- le psychisme, lieu des émotions et 'réceptable de trois fonctions : chercher, aimer lutter' : 'Chercher c'est en rapport avec la faculté de l'intelligence rationnelle, aimer c'est en rapport avec le désir et lutter en rapport avec la force intérieure' ;
- l'esprit est 'en relation avec le psychisme et avec l'infini'.
'Pour les Pères, la vie de l'esprit a trois fonctions', explique Jean-Guilhem Xerri. C'est d'abord 'le lieu de notre souveraine liberté', là où l'on décide ce que l'on fait de son intelligence, de sa force et de son désir d'aimer et d'être aimé. La vie spirituelle dispose aussi de sens : 'des sens spirituels qui nous permettent d'accéder à cette partie-là de la réalité' qui est d'ordre spirituel. Enfin, l'esprit est 'ce lieu de nous-mêmes où nous pouvons entrer en contact avec l'infini : ce que dans la tradition chrétienne on appelle Dieu'.
Émission d'archive
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