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Bernardo de Hoyos

Un article rédigé par Jean Luc Moens - 1RCF Belgique, le 27 février 2024 - Modifié le 28 février 2024

Je suis souvent étonné de voir que nos cultures constituent des barrières qui nous empêchent parfois de connaître des saints magnifiques qui ont vécu en dehors de nos frontières. Ceux qui écoutent ces podcasts ont certainement été étonnés de découvrir des saints italiens très connus dans leur pays comme Cottolengo ou don Orione et totalement ignorés dans les pays francophones. Nous verrons bientôt un exemple de saint allemand dont la notoriété n’a pas non plus traversé la frontière. Aujourd’hui, nous partons en Espagne découvrir un bienheureux aussi inconnu en France, un disciple de Marguerite-Marie, un apôtre du Sacré Cœur qui est  à l’origine d’un autre grand sanctuaire dédié au Cœur de Jésus dans la ville de Valladolid : le bienheureux père jésuite Bernardo de Hoyos.
En découvrant son histoire, nous verrons que, décidément, Dieu a de la suite dans les idées !
 

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Un coeur pur et tendre dès l'enfance :

Bernardo Francisco de Hoyos naît le 21 août 1711 à Torrelobaton, près de Valladolid en Espagne. Il fait ses études dans les collèges jésuites de Medina del Campo et de Villagarcia de Campos. C’est dans cette ville, en 1726, alors qu’il n’a pas encore 15 ans, qu’il rentre au noviciat des jésuites. Il y reste deux années avant de partir étudier la philosophie. Il est encore novice lorsque Louis de Gonzague et Stanislas Kostka sont canonisés. Il est aussi très attiré par la figure de Jean Berchmans dont le procès de canonisation est en bonne voie.

Bernardo se distingue à la fois par sa pureté et par des grâces mystiques éminentes. Peu de temps après son entrée au noviciat, le 29 décembre 1726, l’Enfant Jésus lui apparaît et son cœur est tout enflammé d’amour.

Entre 1728 et 1731, il est au philosophat de Medina del Campo. C’est là qu’il connaît l’épreuve de la nuit de l’esprit. Il entre ensuite dans les études de théologie à Valladolid au Collège Saint Ambroise. Il continue à expérimenter des manifestations mystiques et son directeur spirituel, le père Juan de Loyola, le soutient car il discerne une maturité spirituelle hors du commun chez ce jeune homme : il « est très au-dessus de son âge et des connaissances que les livres auraient pu lui donner », explique son directeur.

C’est en 1733 que Bernardo de Hoyos découvre sa mission. Tout commence par une requête de son ami le père Agustin de Cardaveraz à la fin du mois d’avril. Celui-ci demande à Bernardo de lui envoyer des extraits traduits en espagnol d’un livre du père Joseph Callifet intitulé De cultu sacratissimi Cordis Dei Jesu (sur le culte du très saint et divin Cœur de Jésus). Le père Callifet a écrit ce livre parce qu’il cherche à faire reconnaître la fête du Sacré Cœur, et pour cela, il s’est adressé au roi d’Espagne, Philippe V. Le roi a été touché, il s’est adressé en 1727 au pape Benoît XIII qui a refusé la demande.

La lecture du livre du père Callifet bouleverse Bernardo. 

 

J’ai senti dans mon esprit, écrit-il, un mouvement extraordinaire, fort, doux et en rien impétueux ou irrésistible, et j’allai à l’instant devant le Seigneur dans le Saint Sacrement m’offrir à son Cœur pour travailler de toutes mes forces, au moins par la prière, à l’extension de son culte 

 

A partir de ce moment, Bernardo reçoit différentes révélations sur le Cœur de Jésus.

Le 4 mai, pendant une adoration eucharistique, le Seigneur lui dit – je cite – « clairement et distinctement qu'Il voulait, par son intermédiaire, étendre le culte de son Cœur Sacré, afin de répandre ses dons sur un grand nombre par l'adoration et la vénération de ce Cœur. »

Le 5 mai, Jésus lui montre « son Divin Cœur tout brûlant d'amour et affligé du peu d'estime qu'on en avait. » Il lui répète qu'Il i'a choisi, quoiqu’indigne, pour en promouvoir le culte.

Le 10 mai, sa mission se précise  : « Après la communion, écrit-il, je sentis à mes côtés l’archange saint Michel qui me dit comment étendre le culte du Cœur de Jésus à travers toute l'Espagne et, plus universellement, dans toute l'Église. » Vient ensuite une grâce semblable à celle qu’a reçue Marguerite-Marie : « Jésus me remercia de la générosité avec laquelle je Lui offrais jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour la gloire de son Cœur. Voulant me montrer combien cette offrande Lui était agréable, et la grande complaisance qu'Il mettait dans mon simple désir d'étendre cette gloire à travers le monde, Il enferma et cacha mon misérable cœur dans le sien. Une vision intellectuelle admirable me découvrit alors les trésors et les richesses du Père déposés dans ce Cœur, souverain canal des eaux de la vie. »

À partir de ce moment, Bernardo vit absorbé et noyé dans ce Cœur divin. Il explique : « en mangeant, en dormant, en parlant, en étudiant, partout mon âme ne semble rien toucher d'autre que le Cœur de son Bien-Aimé. C'est lorsque je suis devant le Seigneur présent au Saint-Sacrement, que se déchaînent les torrents de ses plus douces grâces. Et comme ce culte s'adresse proprement au Cœur de Jésus dans l'Eucharistie, c'est là qu'il jouit pleinement de ce que l'amour y recherche avec ardeur. »

Répandre l'amour du Christ :

Le jeudi de l'Ascension, 14 mai, Jésus lui comprendre qu'Il ne lui fait pas goûter les richesses de son Cœur pour lui seul, mais pour que d'autres les goûtent à travers lui. Alors le frère Hoyos prie pour la fête du Sacré Cœur soit instaurée en Espagne, le Seigneur lui fait cette promesse : « Je régnerai en Espagne, et J'y serai plus vénéré qu'en beaucoup d'autres pays. » Il ajoute, le 4 juin, fête du Saint Sacrement, que « la solennité de son Cœur serait un jour, dans l'Église, la fête la plus célébrée après celle du Corpus Christi. » Il prophétise aussi qu’à la fin, il règnera.

Le 12 juin 1733, Bernardo se consacre au Sacré Cœur en utilisant la formule rédigée par Claude la Colombière, le directeur spirituel de Marguerite-Marie. Mais il pressent que le Seigneur ne lui demande pas seulement de se consacrer à son Cœur. Il doit aussi travailler à la diffusion de cette dévotion dans toute l’Espagne et toute l’Église.

Comment faire ?

Bernardo constitue une petite équipe de travail avec deux pères expérimentés, le père Augustin de Cardaveraz et le père Juan de Loyola. N’oublions pas qu’à l’époque Bernardo n’est encore que séminariste. Le fruit de leur travail est la publication en 1734 d’un livre appelé Le trésor caché dans le Sacré-Cœur de Jésus, découvert à notre Espagne, dans lequel sont exposés l’essence et la solidité du culte du Sacré Cœur. L’auteur du livre est le père Juan de Loyola, mais le schéma et l’âme du contenu sont de Bernardo. Jésus lui fait cette promesse :

Ceux qui liraient ce livre avec une intention droite jouiraient de ses faveurs, et Il accorderait à chacun une grâce particulière : les pécheurs trouveraient dans cette lecture l'inspiration de changer de vie, les justes en recevraient un surcroît de forces et d'élans vers la perfection ; quant aux parfaits, ils goûteraient les joies célestes dans un amour plus pur et plus ardent de ce Divin Cœur 

 

Le livre le Trésor caché est envoyé à la cour d’Espagne et le roi Philippe V accepte de réitérer sa demande au pape pour que la célébration d’une fête du Sacré Cœur soit accordée au royaume d’Espagne. C’est encore un refus. Finalement, c’est le pape Pie VII qui accordera en 1814 la messe et la fête solennelle du Sacré Cœur à l’Espagne et ses possessions. En cette même année 1814, l’Espagne est consacrée au Sacré Cœur. C’est le pape Pie IX qui étendra la fête du Sacré Cœur à toute l’Église en 1856.

Le 2 janvier 1735, Bernardo de Hoyos est ordonné prêtre à Valladolid et le 6 célèbre sa première messe dans l’église du collège Saint-Ignace. À la mi-novembre, il tombe gravement malade. C’est le typhus. Quand on lui demande s’il veut guérir, il répond qu’il veut seulement que soit accomplie la volonté du Cœur de Jésus. Dans sa maladie, il répète souvent : « Oh ! qu'il est bon d'habiter dans le Cœur de Jésus. »

Une béatification tardive : 

Il meurt le 29 novembre 1735, à 24 ans, en odeur de sainteté que le père Manuel de Prado, son recteur, a résumé ainsi dans une lettre du 6 décembre 1735 : « sa perfection plus qu’ordinaire, un don très spécial d’oraison, par lequel Dieu lui découvrait les mystères les plus cachés de la divinité et, pendant ces dernières années, une dévotion particulière et tendre envers le Sacré Cœur de Jésus ».

Le procès de béatification de Bernardo de Hoyos n’a pas été un long fleuve tranquille, en particulier à cause de la suppression de l’ordre des Jésuites par le pape Clément XIV en 1773. Il a finalement été béatifié à Valladolid le 18 avril 2010.

Quant à l’ancienne chapelle Saint-Ambroise de la maison des jésuites à Valladolid, elle est devenue le sanctuaire national espagnol du Sacré Cœur, le sanctuaire de la Grande Promesse.

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