Disciple de Louis-Marie Grignion de Montfort avec qui elle a fondé les Filles de la Sagesse,
Marie-Louise a vécu une vie d’abnégation et de service des pauvres.
Nous avons évoqué la figure de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dans un article précédent. Parlons à présent de sa collaboratrice féminine, fondatrice avec lui des Filles de la Sagesse, la bienheureuse Marie-Louise Trichet que nous fêtons le 9 mai.
Marie-Louise naît en 1684 à Poitiers dans une famille très pratiquante. Elle est la quatrième
d’une fratrie de sept enfants. Elle est blonde, elle a les yeux bleus.
Dans son enfance, elle assiste à un miracle : Sa sœur aînée Jeanne est guérie d’une paralysie au cours d’un pèlerinage à Notre-Dame des Ardilliers. Elle partage avec sa sœur Élisabeth et son frère Alexis le goût de la prière. Elle est aussi attirée – c’est une des caractéristiques de son temps – par les pénitences corporelles. Elle visite également les pauvres. Dans la fratrie, il y a une belle émulation vers la sainteté. Avec son frère Alexis, elle désire imiter Benoît et sa sœur Scholastique : être saints comme frère et sœur.
C’est clair pour toute la famille, Marie-Louise a une vocation religieuse, mais les parents n'ont pas les moyens de payer une dot pour qu’elle entre dans un couvent comme sœur de chœur. Elle pourrait devenir sœur converse, mais c’est inimaginable pour la famille.
Remarquons en passant que cette différence entre sœurs de chœur et converse qui nous
choque aujourd’hui a été supprimée par le Concile Vatican II.
La rencontre décisive qui va changer toute la vie de Marie-Louise a lieu en novembre 1701.
Elle entend pour la première fois un sermon de Louis-Marie Grignion de Montfort qui la
touche profondément. « C’est un saint », déclare-t-elle. Le père Louis-Marie a alors 28 ans. Il est prêtre depuis un an. Il vit une vie radicale au service des pauvres. Ses vêtements sont en lambeau. Il confesse du matin jusqu’au soir. Il déclare à Marie-Louise :
C’est la Sainte Vierge qui vous a dit de venir ici.
La maman de Marie-Louise qui entend tout ce qu’on colporte sur ce prêtre original s’inquiète. Elle prévient sa fille : « J’ai appris que tu allais à confesse à ce prêtre de l’hôpital, tu deviendras folle comme lui. » Mais Marie-Louise ne tient pas compte de cet avertissement.
Marie-Louise fait une tentative de vie religieuse chez les chanoinesses de Saint-Augustin,
mais sa mère l’en retire quand elle découvre que cette communauté est soupçonnée de
jansénisme. De con côté, le père Louis-Marie a réuni dans l’hôpital de Poitiers un groupe
d’une vingtaine de filles pauvres dont il espère faire l’embryon des Filles de la Sagesse. Leur
supérieure est une pauvre fille aveugle. Il suggère à Marie-Louise qui a presque 19 ans de
rejoindre le groupe et obtient l’autorisation de l’évêque. Il lui donne un habit d’étoffe
grossière, gris foncé, qui lui donne un aspect ridicule. Cet accoutrement bizarre est signe de
pauvreté. La maman de Marie-Louise s’insurge.
Le père Louis-Marie lui répond : « Votre fille, madame, n’est plus à vous, elle est à Dieu. » Et il continue de mortifier la pauvre Marie-Louise qui ne bronche pas.
Mais les excentricités du père Louis-Marie font exploser les critiques. L’évêque lui interdit de prêcher des retraites et finalement, il doit quitter Poitiers.
Il laisse ce message à Marie-Louise : « Ma fille, ne sortez point de cette maison de 10 ans. Quand l’établissement des Filles de la Sagesse ne se ferait qu’au bout de ce terme, Dieu serait satisfait et ses desseins sur vous seraient accomplis. »
Marie-Louise reste donc à l’hôpital où son humilité, sa compassion et son efficacité force
l’admiration. Elle se dévoue pour les malades, les victimes d’épidémies. Elle perd son frère
Alexis, qui devenu prêtre, s’est enfermé avec les pestiférés pour les servir.
À l’approche de ses 30 ans, Marie-Louise cherche à quitter l’hôpital. Elle pense entrer chez
les filles de saint Vincent de Paul, mais l’évêque lui-même intervient pour la maintenir à
l’hôpital tant elle y est devenue nécessaire.
Finalement, Louis-Marie Grignion de Montfort l’appelle à venir à la Rochelle pour ouvrir une école avec 3 femmes qui formeront le premier noyau des Filles de la Sagesse. Elles vivent dans un grand dénuement. Le père s’investit dans la formation de ses premières sœurs. Il écrit leur règle et la soumet à sœur Marie-Louise. De nouvelles vocations arrivent.
Louis-Marie Grignion de Montfort meurt le 28 avril laissant les sœurs, dont il était le principal soutien, orphelines. Heureusement, l’évêque de la Rochelle leur apporte son aide en achetant pour elles une maison qui peut accueillir 400 élèves.
Mais voilà qu’on réclame sœur Marie-Louise à Poitiers en argumentant que l’hôpital sera
aussi un lieu propice pour le noviciat de la jeune communauté. Marie-Louise cède et se rend
à Poitiers avec deux sœurs. Mais sur place, elle se rend compte que les conditions imposées
par l’hôpital sont inacceptables. Il s’agit entre autres d’accepter que la supérieure des sœurs
soient nommées par l’hôpital.
Comme la situation ne se débloque pas, Marie-Louise et ses sœurs s’en vont à Saint Laurent
sur Sèvre non sans mal car on cherche à l’empêcher de partir. C’est à partir de Saint Laurent
sur Sèvre, là où est mort le Père de Montfort, que sœur Marie-Louise va désormais se
consacrer à asseoir puis à faire rayonner la jeune congrégation des Filles de la Sagesse. Elle
suit les instructions laissées par Louis-Marie Grignion de Montfort.
Les fondations nouvelles sont soit des hôpitaux, soit des écoles soit des maisons de charité. Marie-Louise se consacre essentiellement à la formation des sœurs. Une phrase résume sa manière de faire :
J’ai expérimenté que j’ai toujours plus gagné par la patience et la douceur que je n’aurais fait
autrement.
De son vivant, on compte 30 fondations et une centaine de sœurs.
En 1755, une ligue se forme contre sœur Marie-Louise dans sa propre congrégation. Sa
rigueur de vie est mise en cause. On ironise sur ces initiatives. Le nouveau supérieur général
des Montfortains se laisse dans un premier temps gagner par les comploteuses. Il humilie
sœur Marie-Louise en public. Mais il découvre son erreur et la rétablit.
La congrégation retrouve la paix. À son directeur spirituel, Marie-Louise demande : « Mon père, traitez-moi comme la dernière des novices, mais une novice qui a un besoin infini d’être éprouvée en tout : point de ménagement, s’il vous plaît, agissez à mon égard comme Dieu vous l’inspirera. » C’est un résumé de l’abnégation et de l’humilité qui ont été siennes toute sa vie.
Elle meurt le 28 avril 1759 à presque 75 ans, 43 ans jour pour jour après le père Louis-Marie Grignion de Montfort. Toute sa vie, elle est restée sa disciple. Mais alors que le père Louis-Marie n’hésitait pas à provoquer les gens par ses extravagances, par exemple dans la
pénitence, sœur Marie-Louise a vécu la même exigence avec discrétion, modestie et
sagesse. Elle a incarné l’idéal de Montfort dans toute sa rigueur et donné aux Filles de la
Sagesse les bases qui leur ont permis de croître jusqu’à aujourd’hui pour le service des
pauvres et de l’Église.
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