Invité au Puy en Velay par Mgr Yves Baumgarten, évêque du Diocèse du Puy, pour présider les fêtes de l’Assomption le Cardinal Christophe Pierre a fait part de son émerveillement face à la ferveur des pèlerins de Notre Dame du Puy. Dans son homélie et dans un entretien avec RCF Haute-Loire le Nonce apostolique des Etats Unis a également invité les vellaves à partager l’héritage marial à la France et au Monde.
Eminence, comment avez-vous vécu ces fêtes mariales au Puy-en-Velay ?
Pour moi c’est une rencontre avec une histoire que je connaissais vaguement. Une tradition qui remonte très loin et qui embrasse quasiment toute l’histoire de France mais aussi l’histoire de l’Eglise et notamment la dévotion à la Vierge. Et j’ai été séduit par cette histoire et quand vous arrivez au Puy-en-Velay et que vous découvrez ce pic avec une Cathédrale dessus vous vous dites mais qui a construit cela ? Pourquoi ? Et puis cette présence de la Vierge Marie qui est encore forte malgré les soubresauts de l’histoire et qui attire un monde fou. Quand j’ai vu, à la fin de la procession, la Rue des Tables qui monte vers la Cathédrale avec des milliers de personnes on voit bien que les gens sont attirés, certain par tradition et d’autre le vive comme une attraction nouvelle. J’ai vécu quelque chose d’extraordinaire.
Pendant votre homélie vous avez invité les pèlerins à « offrir cette tradition au Monde et à la France et ne pas l’oubliez ». Que voulez-vous dire ?
Je crois que nous vivons dans un monde qui oublie l'histoire, qui oublie ce que nous sommes. Nous vivons dans un monde qui oublie de transmettre et qui risque de substituer ces traditions par des idées qui ne viennent pas de nous-même, et cela devient des idéologies. Mais nous ne pouvons pas fabriquer un monde simplement avec des idéologies, il faut la solidité de la tradition, il faut la solidité de l'histoire parce que ça vient de loin. Et ceux qui souffrent le plus de cette situation ce sont les jeunes qui souvent ne reçoivent même pas ce qu'il faudrait recevoir de leurs parents, de leurs éducateurs, et peut-être aussi de l'Eglise. Mais j'ai retrouvé ici, au Puy-en-Velay, cet effort de transmission, porté par l’évêque Mgr Yves Baumgarten et ses prédécesseurs avec le souci de l’actualisé. Car il y a une soif d’identité chez les gens, une identité qui n'est pas sur faite, qui ne vient pas de l'extérieur et qui vient de loin et qui est transmise par des personnes qui le font avec toute leur foi. J’ai vu ici, dans ce sanctuaire, beaucoup de ressources qu'il faut savoir exploiter. Car il ne s’agit pas de préserver un petit patrimoine pour nous même. C’est plus grand que cela, les Rois et les pauvres gens sont venus ici car il y a une présence ! Les gens ne cherchent pas le confort, ils sont prêts à monter jusqu’en haut de la montagne, ils sont prêts à gravir les marches pour rencontrer cette présence. Et c’est ce que nous avons vécu pendant ces fêtes mariales.
Vous avez marqué de nombreuses personnes pendant votre homélie. Vous sembliez émerveillé par ce que vous viviez et particulièrement joyeux de partager la parole de Dieu.
Vous m’étonnez quand vous dites cela… (rires), mais vous savez une célébration comme celle d’aujourd’hui (du 15 aout) ce n’est pas quelque chose qu’on planifie dans un bureau, c’est quelque chose qu’on vit ! Et comme prêtre, comme évêque et aujourd’hui comme représentant du Pape j’essaye toujours d’avoir cette perception de ce que se passe et nous sommes appelés à transmettre, à communiquer. Et si nous nous éloignons de la réalité, si nous ne sentons pas les choses, rien ne passe. Mais parfois ça fonctionne et de temps en temps ça ne fonctionne pas… (rires)
La prière c'est le cri du coeur
Le thème de ces fêtes mariales au Puy-en-Velay était « avec Marie, apprenons à Prier ». Une invitation que vous avez décrite comme essentielle pour notre monde qui vit des moments difficiles.
Je suis admiratif de cette invitation faite par Mgr Yves Baumgarten. Car pour moi la Prière c’est le cri du cœur ! On ne cherche pas à se rassurer avec des idées, on cherche uniquement à entrer en contact (avec le Seigneur). C’est comme un enfant qui crie auprès de sa mère pour lui dire qu’il a peur, qu’il a besoin d’elle. Et Marie nous ne l’entendons pas beaucoup dans l’Evangile et pourtant elle est extrêmement présente. C’était la mère de Jésus et au pied de la croix, quand tout le monde avait déserté, elle était encore là.
Mais la Prière peut sauver le monde ? Elle peut nous aider à trouver un chemin d’Espérance ?
Oui car la Prière ce n’est pas l’introspection. Il y a par exemple, ici, une sorte de mode, d’engouement avec des gens qui partent sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle pour se retrouver eux-mêmes. C’est bien, nous avons tous besoin de silence dans un monde où il y a beaucoup de bruit. Mais si on fait le Chemin uniquement pour se retrouver soi-même on ne retrouvera rien du tout. Le vrai Chemin de Saint Jacques doit se vivre comme une prière avec l’espoir de rencontrer quelqu’un qui va nous dire où aller. Cette personne c’est le Christ, et c’est extraordinaire de penser que le grand départ vers Saint Jacques se fait du Puy et sous le regard attentif de la Sainte Vierge. C’est donc l’occasion d’approfondir leur relation avec Marie qui les aidera à trouver le véritable chemin de la vie.
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