« Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu...» (Mt 11, 25-27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus prit la parole et dit :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre,
je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants,
tu l’as révélé aux tout-petits.
    Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
    Tout m’a été remis par mon Père ;
personne ne connaît le Fils, sinon le Père,
et personne ne connaît le Père, sinon le Fils,
et celui à qui le Fils veut le révéler. »

Source : AELF

Méditation  Mgr Emmanuel Gobilliard

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Pourquoi le Seigneur met-il en avant les enfants avec une telle force ? Faudrait-il que nous régressions, que nous redevenions comme des enfants ? Dans ce cas, à quoi sert l’éducation ? Ne serait-il pas mieux que nous restions des enfants ? Pourquoi sont-ils supérieurs aux yeux de Dieu à nous autres, adultes ? Parce que ceux qui ont compris, ce sont les enfants ! Les enfants sont obligés d’avoir besoin des autres pour se nourrir, pour avancer, pour vivre, pour être éduqués ; la question ne se pose même pas. Ils grandissent librement parce qu’ils se mettent sous la protection de leurs parents, de leurs éducateurs, ils grandissent librement parce qu’ils acceptent d’avoir besoin, cela signifie que plus nous grandissons, plus nous oublions d’avoir besoin, plus notre orgueil nous fait croire que nous nous suffisons à nous même, que nous pouvons tout faire par nous-mêmes comme les sages et les savants. Ils ont peut-être trop reçu, alors ils s’imaginent être tout-puissants. C’est la tentation du démon : le plus beau des anges a cru que sa beauté et son intelligence venaient de lui. C’est l’orgueil ! Bien sûr il faut ajouter que ce dont il s’agit c’est de l’enfance spirituelle, de l’attitude de l’enfance à laquelle nous sommes tous appelés. Continuez à éduquer vos enfants, parce que justement nous devons leur apprendre à avancer librement, à grandir en autonomie. Il ne s’agit de régresser dans l’enfance au niveau psychologique mais de grandir vers l’enfance au niveau spirituel, à l’école de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Être suffisamment adulte, être suffisamment libre pour construire sa vie, pour être ce que le Seigneur attend de nous, les baptisés, d’être, comme le rappelle la liturgie du baptême, des prêtres, des prophètes et des rois, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui sont capables de gouverner, et surtout de se gouverner eux-mêmes, qui sont capable d’annoncer l’évangile, sans crainte et avec assurance, qui sont capables de porter leurs frères et sœurs. Mais pas sans Dieu, sans avoir besoin de lui et des autres. L’enfance spirituelle demande à la fois du courage et du lâcher prise, de l’autonomie et de l’adoration, de la liberté et de l’obéissance. Pour être comme des enfants, mettons-nous à l’école de celui qui est par excellence l’enfant du Père, imitons Jésus.