"Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile ..." (Mc 8, 34 – 9, 1)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    appelant la foule avec ses disciples, Jésus leur dit :
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive.
    Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile
la sauvera.
    Quel avantage, en effet, un homme a-t-il
à gagner le monde entier
si c’est au prix de sa vie ?
    Que pourrait-il donner en échange de sa vie ?
    Celui qui a honte de moi et de mes paroles
dans cette génération adultère et pécheresse,
le Fils de l’homme aussi aura honte de lui,
quand il viendra dans la gloire de son Père
avec les saints anges. »
    Et il leur disait :
« Amen, je vous le dis :
parmi ceux qui sont ici,
certains ne connaîtront pas la mort
avant d’avoir vu le règne de Dieu
venu avec puissance. »

Source : AELF

Méditation Père Emmanuel Pic

Qu’est-ce que réussir sa vie ?

A cette question, beaucoup répondront sans doute : s’accomplir, se réaliser, en fonction d’un projet personnel d’existence que l’on conçoit à la mesure de ce que l’on est – ou de ce que l’on veut être. Réussir sa vie, c’est partager sa vie avec la bonne personne, fonder et faire grandir la famille que l’on souhaite, exercer la profession que l’on aime, avoir la maison de ses rêves… C’est aussi être en bonne santé, savoir se faire des amis…

Cet idéal demande beaucoup d’énergie pour se réaliser, car il impose de s’investir pleinement dans son projet de vie. Tout le monde n’est pas capable d’en venir à bout, et il on s’expose alors à bien des déceptions.

Jésus propose, lui, un autre modèle de réussite humaine : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

Ce modèle est complètement à contre-courant des modèles qui nous sont proposés. Il n’est pourtant pas complètement irrationnel : « Quel avantage, poursuit Jésus, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? »

Renoncer à soi-même n’est pas renoncer à la vie. C’est faire passer avant soi les personnes que l’on aime. C’est découvrir qu’il n’y a pas de plus grand amour, c’est-à-dire pas de réussite plus satisfaisante, que de donner sa vie pour ses amis.

Porter sa croix n’est pas rechercher la difficulté. C’est reconnaître que les échecs font partie de la vie, leur donner un sens et affirmer que la vie finit toujours par prendre le dessus.

Je voudrais pour terminer cette méditation reprendre quelques lignes du testament de Benoit XVI : « Je vois et comprends que même les passages sombres et éprouvants de ce voyage ont été pour mon salut, et que c’est précisément là que le Seigneur m’a bien guidé. » Porter sa croix, c’est précisément cela : prendre en compte tous les moments de l’existence, y compris les plus éprouvants, et y reconnaître la présence de Dieu.