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Charles Lwanga

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 8 juin 2022 - Modifié le 8 juin 2022
A l'école des SaintsCharles Lwanga et ses compagnons

Le 3 juin, l’Église fête les martyrs de l’Ouganda assassinés entre 1885 et 1887.  Vingt-deux de ces martyrs étaient catholiques, et vingt-trois anglicans. Ils sont donc vénérés dans l’Église catholique et la Communion anglicane.

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Leur Histoire

 

En 1878, quatre après son élection, le pape Léon XIII signe un décret qui attribue l’évangélisation des régions interlacustres du Tanganyika aux Pères Blancs. Monseigneur Lavigerie, archevêque d’Alger et fondateur de Pères blancs, est nommé Délégué Apostolique pour l’Afrique équatoriale. Il envoie immédiatement des missionnaires dans la région. En Ouganda, c’est le père Simon Lourdel et le frère Amans Delmas qui arrivent en 1879.
Ils sont bien accueillis par le roi Buganda et reçoivent l’autorisation d’établir une mission catholique près des cases royales de Kampala. Avant eux, l’islam sunnite était arrivé en 1844 et les missionnaires anglicans en 1877.


Les premiers convertis catholiques sont essentiellement des fonctionnaires et des pages de la résidence royale. Les premiers baptêmes sont célébrés en mars 1880. En 1882, les pères blancs quittent l’Ouganda car ils ont le sentiment que leur vie est en danger. Ils laissent derrière eux 20 baptisés et 250 catéchumènes. Ils reviennent 3 ans plus tard et sont accueillis par un nouveau roi, Mwanga II. Le roi est d’abord enthousiaste, mais des membres de sa cour arrivent à le convaincre que les chrétiens complotent pour le renverser. Le roi change complètement d’attitude. Il fait d’abord massacrer un évêque anglican, James Hannington, et sa suite. Ce massacre d’innocents est critiqué par des membres de la cour royale. Parmi eux, Joseph Mukasa, baptisé catholique, chef des pages. Cela met le roi en colère et il ordonne d’exécuter Mukasa qui est décapité le 15 novembre 1885. C’est le premier martyr catholique. C’est Charles Lwanga qui prend sa place comme chef des pages. Il demande le baptême le jour même de l’assassinat de Mukasa. Il protège aussi les pages dont il est responsable contre les avances sexuelles du roi.

 

En mai 1886, à son retour d’une chasse infructueuse, le roi est de mauvaise humeur. Il n’y a personne pour l’accueillir dans son palais. Il apprend que toute sa cour est allée écouter des instructions religieuses. Il entre dans une grande colère. Il organise une réunion de tous ses chefs et cette l’assemblée royale décide que tous ceux qui refuseront de renier le christianisme perdront la vie.


Les pages sont immédiatement convoqués. Tous ceux qui refusent d’abjurer la foi chrétienne sont condamnés à mort. Parmi eux, des catholiques et des anglicans. Charles Lwanga baptise secrètement les pages qui ne sont encore que catéchumènes. Le lieu de l’exécution est fixé : ce sera à Namugongo, à 10km de la capitale.


Un des condamnés est exécuté en route vers le supplice. La date est fixée au 3 juin 1886.
Charles Lwanga est exécuté en premier. Entouré d’une natte, il est brûlé vif. Pendant le supplice, Lwanga dit à son bourreau :

C'est comme si tu versais de l'eau sur moi. S'il te plaît, repens-toi et deviens un chrétien comme moi.


Parmi les condamnés, il y a un jeune garçon de 13 ans appelé Kizito. Comme tous les condamnés, il est mort en récitant le Notre Père. Ces dernières paroles sont :

Au revoir mes amis, nous sommes sur le bon chemin.


Denis Kamyuk, un autre condamné, raconte avant sa mort : « Quand nous avons vu les bourreaux réunis et chantant, nous avons compris que l’heure de la mort approchait. Cependant la nuit, nous avons très bien dormi. Quand quelqu’un se réveillait, il réveillait son voisin et lui disait : “Soyons forts pour mourir pour Jésus-Christ.” Chaque fois que nous nous réveillions, nous récitions nos prières, le Notre Père, le Je vous salue Marie. »

Charles Lwanga est ses compagnons ont été canonisés en 1964 par le pape Paul VI pendant le Concile Vatican II. Aujourd’hui, à Namugongo, lieu de leur martyre, il y a un sanctuaire national qui commémore leur sacrifice. C’est Paul VI lui-même qui en a posé la première pierre en 1969 lors d’un de ses voyages apostoliques.
 

Quel est le message que nous laisse ces martyrs ?

 

L’histoire des martyrs d’Ouganda est une illustration de plus de la célèbre phrase de Tertullien :  « Le sang des martyrs est semence de chrétiens ». La mort de Charles Lwanga et ses compagnons n’a pas découragé les personnes d’embrasser la foi chrétienne. Un an plus tard, le nombre des baptisés et des catéchumènes avait plus que triplé, signe de la fécondité de leur martyre.


Mais, ce qui donne aux martyrs d’Ouganda une spécificité particulière, c’est le fait qu’il y avait des catholiques et des anglicans, unis dans le même témoignage. Je vous rappelle que « martyr » vient d’un mot grec qui signifie « témoin ». Catholiques et Anglicans ont été martyrs ensemble, témoins ensemble du Christ ressuscité.


Le Pape François aime souligner que ceux qui tuent les chrétiens ne demandent pas s’ils sont catholiques, protestants, orthodoxes, évangéliques ou autres. Ils demandent s’ils sont chrétiens et cela suffit. C’est ce qu’il appelle l’œcuménisme du sang. Le sang des martyrs n’est pas seulement semence de chrétiens. Aujourd’hui, il est aussi « semence de l’unité des chrétiens ». 

Saint Jean-Paul II le rappelait déjà dans son encyclique Ut unum sint §1 :
« Le témoignage courageux de nombreux martyrs de notre siècle, y compris ceux qui sont membres d'autres Églises et d'autres Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique, donne à l'appel conciliaire [pour l'unité des chrétiens] une force nouvelle. […] Nos frères et sœurs, qui ont en commun l'offrande généreuse de leur vie pour le Royaume de Dieu, attestent de la manière la plus éloquente que tous les facteurs de division peuvent être dépassés et surmontés dans le don total de soi-même pour la cause de l'Évangile. »


L’œcuménisme du martyre nous donne une grande espérance qu’un jour, tous les chrétiens réaliseront la prière que Jésus a faite avant de mourir :

Que tous soient uns pour que le monde croie

(Jn 17)
 

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