Il y a cinq ans, Philippe Mac Leod animait un week-end sur le thème 'Avec la Samaritaine, réveillez votre foi !'. Pourquoi partir du principe que notre foi a besoin d'être réveillée ? Écrivain et prédicateur, Philippe Mac Leod a vécu 20 ans à Lourdes, à la fois en ermite et en animateur de retraites. Ce qu'il constate, c'est qu'aujourd'hui dans notre Église 'la foi ne désaltère plus'. 'Beaucoup de gens aujourd'hui, assoifés spirituellement, ne trouvent plus dans les paroisses, de réponse à cette soif profonde.' Et c'est bien de soif spirituelle dont il est question dans la rencontre entre Jésus et la Samaritaine. Ce pourquoi il publie aujourd'hui 'Évangile de la rencontre - Jésus et la Samaritaine' (éd. Artège).
'Ils cherchent une source, ils trouvent un langage un peu fabriqué, qui ronronne, qui se nourrit de lui-même, qui n'éveille pas, qui ne va pas chercher cette source profonde dans ce qu'elle a de vivant, de jaillissant.' Observant la foi chez ses contemporains, Philippe Mac Leaod fait cette remarque : 'On est peut-être un peu dans l'eau tiède.' Il nous alerte sur les méthodes de développement personnel - qu'il ne faut pas rejeter, précise-t-il, car elles peuvent réellement aider 'à déblayer le terrain'. Là où il faut être vigilant, c'est à ne pas confondre la foi et le développement personnel. 'Si on pense que la spiritualité se joue là, on n'avance plus.'
'Pour vivre la rencontre il faut se déposséder de soi-même', écrit Philippe Mac Leod au début de son livre. Une façon d'annoncer d'emblée ce dont il est question dans ce passage de l'Évangile de Jean. Le personnage de la Samaritaine 'traverse tout un conditionnement culturel'. Déjà parce que cette rencontre au bord d'un puits, à midi, entre un homme et une femme, a quelque chose de tout à fait improbable. Rien ne les prédisposait à se rencontrer, dans le contexte socio-culturel de l'époque. Et justement, dit l'écrivain, 'il va falloir faire un long chemin pour traverser les obstacles'. Les malentendus, les quiproquos...
De plus, la Samaritaine, au moment où elle rencontre le Christ, est en questionnement. On pourrait dire que c'est une personne qui se cherche. 'Pour rencontrer Jésus sur sa route, il faut n'avoir plus rien à perdre.' C'est-à-dire avoir tout perdu. Contrairement à ce que l'on a souvent dit d'elle, la Samaritaine avec ses cinq maris, n'est pas 'une femme jouissive'. La vérité, c'est qu'elle est 'une femme déçue qui ne trouve pas'. Elle se trouve seule à midi, près du puits, à l'écart, comme 'désocialisée'. En fait, nous dit l'écrivain, 'elle est prête'. Prête pour 'entendre autre chose'.
Le message de Philippe Mac Leod, c'est qu'on porte tous en nous un peu de cette terre de Samarie. Ce 'no man's land de la foi', où on essaie, on rate on cherche... 'On peu avoir une foi mais il y a toujours une région, un pays de soi qui n'a pas été pénétré par l'Évangile en profondeur.' Or, Jésus vient jusque là. Il vient nous chercher dans ces zones les plus reculées de nous-mêmes.
'Donne-moi à boire.' Le Christ n'aborde pas frontalement la Samaritaine. 'Avec la Samamaritaine, Jésus a l'adresse de la délicatesse, il ne la condamne pas, il ne la juge pas, il ne la brusque pas... Il lui fait faire simplement ce chemin qu'elle a envie de faire mais qu'elle ne peut pas faire seule.'
Écrivain, poète, chroniqueur Philippe Mac Leod est l'auteur de nombreux ouvrages, dont 'Poèmes pour habiter la terre' (éd. Le Passeur, 2015), 'Avance en vie profonde' (éd. Ad Solem, 2012) ou encore 'Petites chroniques d'un chrétien ordinaire' (éd. DDB / La Vie, 2010). Aujourd'hui installé en Bretagne, il a vécu une vingtaine d'années à Lourdes auprès des pèlerins du centre Assomption.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !