Comment les controverses ont-elles permis à l'Église de clarifier sa doctrine en s'ajustant aux questions de son époque ? Madeleine Vatel en parle avec le père Edouard Divry, dominicain de la province de Toulouse et auteur du livre "Le bienfait des controverses doctrinales dans l'Eglise" publié aux éditions Artège.
"La foi est intelligente et l'intelligence croit" selon la méthodologie de Saint Thomas d'Aquin qui est souvent qualifié de pionnier dans la recherche de vérité. C'est cette recherche de la vérité, au coeur de l'intelligence humaine et spirituelle que l'Eglise doit mener encore et toujours. Pour le père Edouard Divry, la récente controverse autour de la remise du Rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Eglise prouve que cette dernière chemine vers une libération de la parole. Pour autant, le silence précédent ces révélations reste un tabou. "Le rapport Sauvé montre bien la volonté de l'Eglise de clarifier les choses donc il n'y a pas, je crois, de sujets tabous, on aime bien aller jusqu'au coeur des problèmes mais c'est vrai que parfois il peut y avoir pendant pas mal d'années à cause de l'ambiance, à cause des non-dits de la société toute entière des omertas, on ne parle pas de tel problème" constate le dominicain.
Pour le père Edouard Divry, la vox populi, l'opinion populaire a un rôle important à jouer en faisant surgir des questions qui permettent à l'Eglise d'avancer, d'évoluer. "Le grand danger c'est de rester dans l'affectif et de ne plus voir l'ordre des vérités" explique-t-il. C'est parce que le monde la bouscule que l'Eglise avance. "Cette voix du peuple peut tout à coup aider à une purification dans les structures de l'Eglise, dans les Hommes en tout cas qui participent à ces structures de l'Eglise et réciproquement l'Eglise doit être sans cesse prophète par rapport au monde".
Lorsque la société s'empare des sujets qui traversent l'Eglise, cela permet de rendre ces sujets plus universels et donc de prendre des décisions en adéquation avec le monde. "Les conciles ont toujours été des assemblées régionales, puis universelles pour résoudre des problématiques qui apparaissaient comme étant quelque chose sur lequel il fallait s'attabler pour se rencontrer, donner des arguments et finalement tenter de les résoudre sous l'action du Saint Esprit mais c'est un acte de foi." Pour le père Divry, la grande différence avec la société civile est que dans ces situations de prises de décisions l'Eglise fait un acte de foi pour rejoindre et être rejointe par l'Esprit Saint qui est "l'Esprit de vérité".
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