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"Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté" Lc 4, 1-13

Un article rédigé par Bernard Devert (50596) - RCF, le 6 mars 2022 - Modifié le 6 mars 2022
Prière du matin"Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté" Lc 4, 1-13

"Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté"

Méditation de l'évangile (Lc 4, 1-13) par le père Bernard Devert

Chant final: "Dans le désert" par la communauté du Chemin Neuf

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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
après son baptême,
    Jésus, rempli d’Esprit Saint,
quitta les bords du Jourdain ;
dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
    où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable.
Il ne mangea rien durant ces jours-là,
et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
    Le diable lui dit alors :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
    Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain. »

    Alors le diable l’emmena plus haut
et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
    Il lui dit :
« Je te donnerai tout ce pouvoir
et la gloire de ces royaumes,
car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
    Toi donc, si tu te prosternes devant moi,
tu auras tout cela. »
    Jésus lui répondit :
« Il est écrit :
C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras,
à lui seul tu rendras un culte. »

    Puis le diable le conduisit à Jérusalem,
il le plaça au sommet du Temple
et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
    car il est écrit :
Il donnera pour toi, à ses anges,
l’ordre de te garder ;
    et encore :
Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
    Jésus lui fit cette réponse :
« Il est dit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
    Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Source : AELF

Méditation Père Bernard Devert

Il Il ne sera rien épargné à Jésus approché par le Malin qui lui propose, ici et maintenant, ce ’tout’ et ‘tout de suite’, suscitant tant de mirages et de ruptures pour privilégier les forts au préjudice des fragiles.

La réponse de Jésus est sans ambiguïté : assez, au diable !

Au diable le Malin, porteur du provisoire, de l’illusion qui n’ont aucune prise sur Dieu, mais beaucoup sur l’homme.

Le Seigneur est étranger à la relation dominé-dominant. Ne nous donne-t-il pas le titre de fille et de fils du Très-Haut, le nom même qui fut donné à Jésus par l’ange Gabriel, lors de l’annonce à Marie.

Au diable ! Jésus se met en danger ; le diabolos, nourri de son orgueil, ne peut accepter un tel refus. Il n’existe que s’il divise afin de mettre une distance avec Celui qui, n’imposant rien, offre inconditionnellement son amour à ceux qui, entrevoyant ce qui leur manque, éprouvent le désir de le recevoir.

Seule, la reconnaissance du manque fait naître à un autrement.

Le combat est dès lors engagé entre les forces du Christ et celles du mal qui le cloueront sur une croix pour le faire taire. Sur le lieu du supplice, la seule parole audible fut celle du Crucifié pour être celle de l’Amour. C’est quand tout semble terminé, quasiment perdu, que tout commence, recommence.

La Parole est si dense qu’elle suscitera une vraie débandade et la débâcle du Malin qui ne peut rien opposer à l’esprit des Béatitudes : Heureux les pauvres, heureux les artisans de paix, heureux les miséricordieux…le Royaume des Cieux est à eux. 

Le défenseur des forts, fossoyeur de la fragilité, est terrassé par l’amour. Le diabolos est si mortifère qu’il ne supporte pas la vie, il lui faut la détruire. 

Dans le film actuellement sur les écrans, un monde autrement, Vincent Lindon présente magistralement ces femmes et ces hommes emmurés par leur maître qu’est Wall Street, faisant d’eux des mercenaires jusqu’à leur imposer de défendre encore et encore les forts contre les faibles.

Tout se brise, un autrement s’éveille dans cette lettre qu’écrit l’acteur principal, Vincent Lindon, partageant ses erreurs mais exprimant aussi un sursaut, celui de l’humanité foncière qui l’habite, pour finalement dire à son tour : assez, au diable, ces idées de puissance, de rentabilité au préjudice de la santé et du respect des salariés.

Ce qui se passe aujourd’hui dans des Ehpad où la faiblesse des résidents est instrumentalisée au profit des plus forts, donne à la parole de Jésus une acuité ; elle devrait faire réfléchir ceux qui se laissent entraîner par des candidats démagogues qui, sous couvert de mettre de l’ordre, aggraveront le désordre, rejetant les plus faibles.

Au diable, l’indifférence. Au diable ces iniquités insupportables !

Ce matin, à l’écoute du Christ, que sommes-nous prêts à envoyer au diable pour donner au royaume du cœur une meilleure visibilité. Le Seigneur est en attente, mais le monde, bien qu’il n’ose pas le dire, la partage.

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