La prison, "j'y entrée agnostique, laïque, avec des idéaux humains..." Depuis plus de huit ans, Delphine Dhombres est visiteuse de prison. Une expérience marquante qui continue de bouleverser sa vie, notamment sur le plan spirituel. Au contact des prisonniers elle a redécouvert l'Évangile. Une expérience forte qu'elle raconte dans son livre "Hommes de l'ombre" (éd. Nouvelle Cité) - ouvrage qui a reçu le Grand Prix Témoignage 2019 au Salon du livre et des médias chrétiens de Dijon.
Après une année comme visiteuse de prison, Delphine Dhombres a vécu une rencontre marquante : avec une personne détenue agonisante, mourante, sur son lit à l'hôpital carcéral. Elle "ne demandait qu'une chose", qu'on lui apporte la communion. Ce que la visiteuse n'était pas autorisée à faire.
Les démarches qu'elle a tout de même tentées pour pouvoir lui apporter l'hostie ont été décisives dans son cheminement intérieur. "Je crois que c'est le plus beau cadeau qu'on m'a offert en prison !" Ce qu'elle a vécu alors sur le plan spirituel a été si "profond" qu'elle a commencé peu à peu à changer sa façon de visiter les prisonniers.
En tant que membre de l'association Les petits frères des pauvres, qui aide les personnes âgées isolées en situation de précarité, Delphine Dhombres rencontre ceux qui, parmi les prisonniers, sont les plus isolés : c'est-à-dire les personnes âgées. En moyenne, 10% des détenus ont plus de 50 ans et moins de 4% ont plus de 60 ans.
"Ces personnes âgées qui sont en minorité dans les prisons, elles se font oublier... pour ne pas avoir d'ennui, pour éviter la violence." Et souvent, à cause de leur âge, elles sont "en rupture familiale". Ce sont des prisonniers qui ne sortent quasiment jamais "de leur neuf mètres carrés". "Le bénévole est la seule personne qui apporte un peu d'humanité."
Une heure et demie aller, une heure et demie retour : depuis huit ans chaque samedi, la professeur de français se lève aux aurores. "Surtout prendre le RER B, faire le changement à Châtelet avec toute la misère qui y règne, quand je sors Croix de Berny il fait nuit, on traverse un peu la zone pour arriver jusqu'à Fresnes, on entend les chiens, on voit les fils de fer barbelés..." Pourquoi donc retourne-t-elle en prison ? "Parce qu'on crée des liens", dit-elle.
Il y a deux ans, Delphine Dhombres est devenue oblate de la communauté des bénédictines de Vanves (Hauts-de-Seine). "Aujourd'hui j'ai l'impression non plus de rencontrer ces personnes détenues pour des raisons humaines ou citoyennes, depuis mon oblature j'ai l'impression de ne plus être dans un parloir mais avec le feu de la rencontre, j'ai l'impression d'être dans une chapelle ardente, et que l'Esprit Saint, ça travaille, ça vibre... il se passe des choses, la rencontre gagne en profondeur."
Émission d'archive diffusée en novembre 2019
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