Diocèse de Vannes : la pastorale des sourds innove

Qu'est-ce que la pastorale des sourds ? 

Albane : C'est accompagner les sourds en Eglise, diffuser la Bonne Nouvelle aux sourds par tous les moyens. François complète : rendre accessible la parole, la communication aux sourds en Eglise. Dans le diocèse de Vannes, tous les dimanches, la messe est signée, à la cathédrale principalement, puisque c'est là que j'ai été appelé, mais on se déplace aussi dans les autres paroisses. Fin septembre par exemple, nous étions à Plouay et il y avait aussi des sourds de Lorient qui s'étaient déplacés, ils font pas mal de kilomètres pour pouvoir vivre ces célébrations, il y en a même qui viennent du Diocèse de Nantes jusqu'à Vannes. Il y a une trentaine de sourds qui font partie de cette pastorale.
 

Des personnes pour qui, avant que les célébrations signées soient mises en place, il était difficile de vivre la messe ?

François : Ils ne venaient pas à l'église. Rien que le mot d'accueil ne peut pas être transcrit s'il n'est pas signé, donc l'accueil en Eglise ne se fait pas pour les sourds. La Parole, si c'est pour simplement plonger le regard dans le Prions en Eglise, le Magnificat ou la feuille de messe, ça n'inclut pas la participation des sourds dans l'Eglise, donc ce qui est important c'est de pouvoir rendre accessible, en même temps que pour les entendants, les célébrations eucharistiques. La place du diacre qui signe est capitale.
Albane : Les sourds reçoivent en même temps la Parole.
François : Je prends un exemple, au moment de la proclamation de l'Evangile, je demande la bénédiction en même temps que le diacre ou le prêtre qui va proclamer oralement l'Evangile et moi je proclamerai en signant, ce même Evangile.

Est-ce que ça facilite la vie fraternelle ?

François : Dès qu'ils se retrouvent, les sourds vivent vraiment un temps de communion, de fraternité, d'échange, sur la Parole de Dieu, sur ce qui fait leur vie, l'éloignement, l'isolement, leurs problèmes et la joie de se retrouver et de communiquer, là le handicap disparaît.
Albane : Et à Plouay, les paroissiens ont découvert la participation des sourds.
François : Les échanges, la curiosité des entendants, avec beaucoup de bienveillance auprès des sourds, c'est très fraternel et quand un sourd voit qu'un entendant essaie d'entrer en communication, son visage s'éclaire, c'est un moment très chaleureux, même s'il n'y a pas beaucoup de communication mais l'attention auprès du sourd le rend très heureux.

Quels projets avez-vous pour développer cette pastorale des sourds ?

Albane : Nous annonçons les messes en langue des signes sur la page Facebook, nous faisons aussi des vidéos pour expliquer les Sacrements et puis Soeur Esther arrive de Belgique, c'est une religieuse de la communauté du Verbe de Vie qui rejoint la pastorale des sourds du Diocèse de Vannes et apporte sa jeunesse et sa foi qui rayonne.
François : il y a tout un travail qui est fait par les sourds, pour les sourds au niveau européen pour unifier le vocabulaire liturgique de la langue des signes, qu'il y ait le même signe pour le même mot liturgique dans toute l'Europe. L'autre projet c'est de pouvoir équiper la cathédrale d'un moyen vidéo performant, puisque tous les dimanches la célébration est signée, il faut pouvoir mettre la fibre dans la cathédrale avec des caméras de manière à ce que le diacre qui signe soit bien visible sur écran. 
Albane : Il reste encore beaucoup à faire pour que la Parole de Dieu touche chaque sourd. Il faut continuer pour la Gloire de Dieu !