"Élie est déjà venu et ils ne l’ont pas reconnu" Méditation de l'évangile (Mt 17, 10-13) par le père Bernard Devert Chant final: "Vous tous qui peinez" par la chorale Laetare
Descendant de la montagne,
les disciples interrogèrent Jésus :
« Pourquoi donc les scribes disent-ils
que le prophète Élie doit venir d’abord ? »
Jésus leur répondit :
« Élie va venir
pour remettre toute chose à sa place.
Mais, je vous le déclare :
Élie est déjà venu ;
au lieu de le reconnaître,
ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu.
Et de même, le Fils de l’homme va souffrir par eux. »
Alors les disciples comprirent
qu’il leur parlait de Jean le Baptiste.
Source : AELF
Les disciples viennent de vivre la Transfiguration ; ils descendent de la montagne, habités par cette lumière qui leur a permis d’entrer dans une relation absolument inattendue. Aussi voient-ils le Christ tel qu’Il est, à partir de ce qu’ils sont vraiment.
Ce n’est pas Jésus qui est transfiguré, Il est l’être de toute lumière ; Il trans-porte, trans-figure, si bien qu’au Mont Thabor, Pierre, Jacques, Jean sont littéralement retournés au point que Pierre dira au Seigneur : « il est bon que nous soyons ici. Dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. » l’Evangéliste ajoute : « Il ne savait pas ce qu'il disait ».
Pierre et les deux autres disciples ne savent plus où ils en sont, d’où la discussion qui nous est partagée ce matin lors de la descente de cette montagne. Nos trois amis veulent comprendre et comment leur reprocher.
Toi qui étais avec Elie, doit-il donc venir ? La question n’est pas innocente puisque la Communauté croyante pensait qu’Elie devait revenir pour préparer la venue du Messie.
Qui vient… Jean-Baptiste.
Il n’est plus question, ici, du feu d’Elie, de la colère de Dieu, il est question de remettre toute chose à sa place.
Quelle place ? Dieu n’en revendique aucune. Christ sera constamment un ‘déplacé’ pour être refusé. Pour autant, Il est en mouvement, nous appelant à nous mettre en route, refusant toute séduction, toute promesse facile : « Viens et tu verras ».
Que nous donnent à voir les prophètes, ces hommes (femmes et hommes) incroyablement vivants dans le présent de leur histoire transcendée par une lumière qui, pour éclairer le futur, définit l’espérance si bien exprimée par Antoine de Saint-Exupéry : l’avenir n’est pas fait pour être prévu, il s’agit de le rendre possible.
Au surgissement de ce possible, l’Evangile nous appelle.
Cette Bonne Nouvelle qui n’est pas toujours facile à vivre (cf. 9ème béatitude) donne ici et maintenant la conviction d’habiter, dès maintenant, une relation si vivante et vibrante qu’elle donne à l’existence des raisons de vivre et la raison de croire.
Zundel nous partage sa méditation : le sujet n’est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais de se demander si nous sommes des vivants avant notre mort.
Qu’est-ce que vivre ? L’Evangile est vraiment ce trésor qui nous ouvre à des perspectives aussi inattendues qu’inouïes.
La place dont parle Jésus n’est pas une possession, celle que nous sommes tentés de rechercher dans le monde, puisqu’il s’agit, tout au contraire, d’une désappropriation pour nous ouvrir à cette liberté intérieure qui, seule, donne l’audace des déplacements à vivre, trace des conversions
Ne serait-ce pas cela préparer le chemin du Seigneur pour que sa Nativité devienne aussi la nôtre.
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