Depuis sa jeunesse, Elisabeth vit tournée vers la Trinité qui habite dans son coeur.
Savez-vous que la sainte Trinité demeure en vous ? Le Père, le Fils et le Saint Esprit ont fait leur demeure en vous, à la fine pointe de votre âme, depuis votre baptême. Vous êtes le temple de Dieu. C’est ce que nous apprennent les saints. Voici ce que nous dit l’une d’entre eux en s’appuyant sur l’apôtre Paul :
Je vais vous donner mon “secret” : pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le “temple”, c’est saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit, l’âme s’habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu’elle porte en elle un petit ciel où le Dieu d’amour a fixé son séjour. Alors c’est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire, je dirais même qu’il n’y a plus que son corps sur la terre, mais que son âme habite au-delà des nuages et des voiles, en Celui qui est l’Immuable. Ne vous dites pas que cela n’est pas pour vous, que vous êtes trop misérable, car c’est au contraire une raison de plus pour aller à Celui qui sauve. Ce n’est pas en regardant cette misère que nous serons purifiés, mais en regardant Celui qui est toute pureté et sainteté.
Qui nous parle comme cela ? Une sainte religieuse, une carmélite qui est morte à Dijon en 1906. Son nom ? Sainte Élisabeth de la Trinité que nous fêtons aujourd’hui !
Je vous ai déjà dit que l’Église ne canonise pas des personnes pour être sûr qu’elles sont au ciel. Elle les canonise pour nous sur terre, pour mettre en évidence le message que leur vie nous donne. En canonisant sœur Élisabeth de la Trinité, l’Église souligne ce mystère extraordinaire qui a illuminé toute sa vie : la Trinité habite en chacun de nous, les baptisés.
Élisabeth Catez est née le dimanche 18 juillet 1880, au camp militaire d'Avor près de Bourges où son père est capitaine. Elle est baptisée le 22 juillet, fête de saint Marie-Madeleine. C’est un jour qu’elle fêtera toute sa vie avec grande action de grâces, car c’est le jour où la Trinité est venue habiter en son cœur et l’a marquée de son sceau, le jour où elle a été immergée dans l'Amour vivant de Dieu.
En 1881, la famille Catez déménage près de Dijon où la compagnie du capitaine est assignée en garnison. Une deuxième fille, Marguerite surnommée Guitte, naît en 1883. Une grande affection la liera à Élisabeth qui la considérera comme un écho de son âme.
En 1887, Joseph Catez meurt d’une crise cardiaque. Élisabeth qui a 7 ans est bouleversée.
Entre temps, son caractère s’affirme : elle est colérique, violente, indomptable… Elle a du tempérament. Peut-être même trop ! Sa maman essaie tant bien que mal de canaliser cette énergie.
Élisabeth, Sabeth comme on l’appelle en famille, malgré son caractère bouillant, est très attirée par Jésus. En été 1888, elle confie au chanoine Angles qu’elle veut être religieuse. Sa maman n’est pas très d’accord. Elle est très consciente de son mauvais caractère et cherche à se corriger en préparation à sa première communion.
Celle-ci a lieu le 19 avril 1891. C’est un moment inoubliable pour Élisabeth, un instant de grâce et de joie qui la marque pour toute la vie : Dieu est venu reposer dans son cœur. À la sortie de l’église saint Michel où elle a fait sa première communion, elle a ce mot d’enfant assez inattendu :
Je n’ai pas faim. Jésus m’a nourrie.
À partir de ce moment, sa maman note que Sabeth ne fait plus de colères comme auparavant. C’est le début d’une ascension spirituelle. Certes, Élisabeth a voulu se préparer à sa première communion en se convertissant, en essayant de dompter son tempérament impulsif, mais le résultat ne vient pas seulement de ses louables efforts. Elle vit une conversion qui est le fruit d’un don gratuit : la rencontre intense avec Jésus vivant, présent en son cœur, avec qui elle peut dialoguer, qu’elle peut aimer et par qui elle peut se laisser aimer. Cela accroît encore son désir d’être toute à lui, de lui donner sa vie…
Le jour de sa première communion, Élisabeth reçoit une autre grâce. Elle visite le Carmel et mère Marie de Jésus lui apprend que son nom d’Elisabeth signifie « Maison de Dieu ». On voit apparaître petit à petit la vocation d’Élisabeth qui sera de proclamer la présence de Dieu dans le cœur de tous les baptisés : tous nous sommes la maison de Dieu !
À 14 ans, à la fin de la messe, elle ressent un appel très fort à se donner à Jésus par le vœu de virginité. Peu de temps après, il lui semble entendre le mot « carmel » au plus profond d’elle-même. Elle en parle à sa mère, mais madame Catez n’est absolument pas d’accord. Alors Élisabeth s’enfonce dans la prière et attend que la situation se débloque, tout en continuant à vivre sa vie de jeune fille de la bonne société dijonnaise. Elle est très joyeuse et attire à elle de nombreuses amies qui apprécient sa bonté et sa gaité. Nombreux sont ceux qui remarquent son regard tout lumineux, tout plein de l'au-delà. Elle rayonne de la présence de son hôte intérieur.
La situation finit par se débloquer. En 1899, Mme Catez, vaincue par la patience et la détermination de sa fille, accepte qu’Élisabeth entre au Carmel lorsqu’elle aura atteint sa majorité, c’est-à-dire 21 ans. Elle a donc encore deux années à attendre et elle le fait dans l’abandon, comme elle l’écrit au chanoine Angles :
Je me livre, je m'abandonne à lui, je suis si tranquille, je sais à qui je me confie. Il est tout puissant, qu'il arrange toutes choses selon son bon plaisir ; je ne veux que ce qu'il veut ; je ne désire que ce qu'il désire ; je ne lui demande qu'une chose : l'aimer de toute mon âme, mais d'un amour vrai, fort et généreux.
Enfin, le 2 août 1901, premier vendredi du mois, Élisabeth entre comme postulante au Carmel de Dijon qui compte 16 religieuses. Elle prend le nom de sœur Marie-Élisabeth de la Trinité. Là, en 5 années, elle va faire un parcours fulgurant. Le 11 janvier 1902, pour sa profession définitive, elle se confie :
Qui pourrait dire la joie de mon âme lorsque, contemplant le Christ que j'avais reçu après ma profession et que notre Révérende Mère a placé 'comme un sceau sur mon cœur', j'ai pu me dire : “Enfin Il est tout à moi, et je suis tout à Lui, je n'ai plus que Lui, Il m'est Tout !” Et maintenant je n'ai plus qu'un désir, l'aimer, l'aimer tout le temps, […] faire son bonheur, le rendre heureux en Lui faisant une demeure et un abri en mon âme...
Le 21 novembre 1904, elle ressent le besoin de se livrer encore davantage à la sainte Trinité et elle écrit la prière qui deviendra célèbre sous le titre de Ô mon Dieu, Trinité que j’adore. Elle fait aussi une découverte fondamentale dans l’épitre aux Éphésiens de saint Paul, v. 3-6 : elle comprend que Dieu lui donne un nom nouveau, Laudem gloriae, Louange de gloire. Elle demande à un prêtre :
Le bonheur de mon Maître suffit pour faire le mien, et je me livre à Lui pour qu'Il fasse en moi tout ce qu'Il désire. Puisque vous êtes son prêtre, oh, consacrez-moi à Lui comme une petite hostie de louange qui veut le glorifier, au Ciel, ou sur la terre dans la souffrance tant qu'Il voudra.
En fait, c’est ce qui est en train de se passer. À partir de 1905, elle est de plus en plus fatiguée. On découvre une maladie très rare, la maladie d’Addison qui une maladie endocrinienne caractérisée par le défaut de sécrétion des hormones produites par les glandes surrénales.
Dans l’épreuve, elle reste fidèle à son appel à la louange et le 9 novembre 1906, elle rejoint son Seigneur pour réaliser sa vocation d’éternité, être une louange de gloire pour la Trinité sainte et réaliser la mission qu’elle pressentait peu avant sa mort :
Il me semble, écrit-elle à une amie, qu’au Ciel ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, et à les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles, de les transformer en Lui.
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