105 prêtres s’apprêtent à être ordonnés d’ici la fin du mois de juin dans les diocèses de France, un chiffre en hausse dans un contexte de crise des vocations. L'un d'eux sera ordonné ce dimanche à Rennes. Avant de devenir prêtre, Eric Nziraguseswa suivait une autre voie, celle de chanteur lyrique. Portrait.
Le diocèse de Rennes ordonnera un nouveau prêtre ce dimanche 30 juin. La célébration se déroulera à 15h en la cathédrale Saint-Pierre de Rennes. Eric Nziraguseswa est originaire du Rwanda. Arrivé en France en 2010 pour suivre une formation de chanteur lyrique et de danseur classique, il prend en 2016 la voie de la prêtrise.
Je suis originaire de la partie Ouest du Rwanda et c'est à dire à côté Kivu. On est à la frontière avec la République démocratique du Congo. Je suis né dans le diocèse de Ciangugu, dans la paroisse de Nyamasheke.
Après mon bac, je suis venu en France pour poursuivre mes études supérieures à l'université de Rennes 1 en biologie. Mais en fait, je n’aimais pas beaucoup la biologie. Et comme je savais que j’avais ce talent de chanteur, je me suis dit que peut-être c’était le moment de m'y mettre. Un peu pour rigoler, je suis allé auditionner au Conservatoire de Rennes, sans aucune formation théorique. Et finalement j’ai été pris.
En arrivant en France, j’avais un oncle qui habitait ici. Et aussi une petite cousine qui faisait de la danse classique. Je l’accompagnais de temps en temps. Un jour le professeur m’a proposé de participer à un spectacle. Voilà comment j'ai intégré l'Académie de danse d'Anne de Bretagne, fondée par Alyocha Ponziewitch. Nous étions onze garçons. On faisait des portés. J’ai intégré le corps de ballet et participé à plusieurs spectacles, pendant sept ans.
Je voulais devenir chanteur d’opéra, et un jour, c’était mon premier solo sur scène, j'ai ressenti cet incroyable échange qui se passe entre le chanteur et le public. Je me suis dit : “est-ce que c'est possible de vivre cela en annonçant le nom de Jésus ?" Je me suis rappelé la vocation de prêtre qui m’habite depuis que j’ai huit ans, et que j’avais mis en pause.
J’ai pris du temps pour écouter ce qui était dans mon coeur, ce que Dieu avait à me dire. Un jour, j’ai vu le service des vocations. Un prêtre m'a proposé d'intégrer la Maison Charles-de-Foucauld. C’est là que j'ai compris que mon bonheur, c'était vraiment de suivre le Christ. Ca a été une certitude.
Ca a pris du temps. C'est exceptionnel, mais le séminaire, en première année, a accepté que je continue les cours de chant au Conservatoire en parallèle. J’ai arrêté au bout d’un an, car c’était trop, mais vraiment j’ai arrêté de manière paisible. Ca n’était pas un problème parce qu'en fait Dieu m'avait donné de la joie. J’avais compris qu’il ne m'enlevait pas le chant. C'est un don qu’il m’a donné, et que je garde. Même si je je l'exerce différemment.
C'est un temps de formation. En fait on est formé auprès des fidèles, ce sont eux qui nous forment. Les fidèles sont tous unis autour du Christ. Mais entre eux, ils forment aussi une sorte de communauté de vie. C'est cette unité qui témoigne notre amour du Christ.
C'est une question à laquelle il n'est pas facile à répondre, sachant que je ne sais pas ce qui m'attend ! Mais je pense que quand le Christ nous appelle, il nous appelle tels que nous sommes, je ne pense pas que je vais devenir quelqu'un d'autre. Mais le chant sera une petite touche personnelle, bien sûr. Je suis de nature à me projeter beaucoup. Mais actuellement, quand je réfléchis à ce qui m'attend, je suis totalement paisible. Je suis en confiance, j'avance.
C'est plutôt la dimension de célébrer la messe qui m'impressionne. Vous savez, au séminaire, nous faisons ce qu'on appelle les messes blanches. En fait, on répète. Quand on arrive au moment de la consécration, ça m’impressionne. Heureusement qu'on a ce temps de répétition. Je suis quand même impatient, car mon appel vient de l’autel. C’est là que j’ai entendu mon premier appel. Etre à l’autel pour célébrer la messe, ce sera un moment de joie, de communion : donner le christ à ceux qui le cherchent et qui le veulent.
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