Être aumônier à l'hôpital : une mission d'écoute

Ehpad Les Maisons du Lac à Vannes. Mardi 16 février, il est bientôt 14 heures 15. Dans les couloirs de cet établissement situé à l'est de l'hôpital "Chubert", un brouhaha s'élève. Par deux ou par trois, les résidents se soutiennent pour marcher : "Allez y doucement..." Ils se dirigent tous vers la messe. "Moi j'aime bien la messe, c'est un moment agréable dans la semaine. Quand je peux y aller, j'y vais" confie Monique dans un clin d'œil. Dans la pièce multi-cultuelle, la décoration est sobre. L'autel est dressé modestement sur une table. Le père Jean-Claude Rivière enfile son aube : "Vous êtes beau" lance une résidente depuis les chaises rassemblées pour la célébration. "On les prend comme ils sont, ce n'est pas toujours très silencieux, confie le prêtre en riant, mais ils écoutent plus qu'on ne le croit car cela m'arrive de recevoir des commentaires en pleine homélie".

Un métier qui aide les patients à exercer leur liberté

A la guitare, Catherine est aumônier salarié depuis 15 ans au Centre Hospitalier Bretagne Atlantique de Vannes et d'Auray. Auparavant aumônier de l'enseignement public, elle découvre lors d'un pèlerinage à Lourdes le métier d'aumônier d'hôpital. Elle décide alors de suivre la formation spécifique à l'UCO d'Angers. "C'est un métier passionnant, je ne m'en lasse pas. A l'hôpital j'ai tous les âges, tous les milieux sociaux, toutes les conditions de vie, c'est très varié. On a les enfants jusqu'au grand âge. Je ne m'ennuie pas". Elles sont trois aumôniers catholiques salariées au CHBA de Vannes et d'Auray, à la tête d'une dizaine de bénévoles chacune. Le matin, elles gèrent l'administratif et l'après midi elles font le tour des chambres. "On pousse les portes avec notre badge, on se présente et c'est à nous de voir si les personnes souhaitent seulement un bonjour, un petit échange ou une présence silencieuse. Et puis de temps en temps on a des refus, il faut l'accepter. C'est peut être le seul droit qu'ils ont à l'hôpital: nous dire non."

C'est peut-être le seul droit qu'ils ont à l'hôpital : nous dire non 

Le sacrement du frère : écouter des relectures de vie 

Toc toc toc. Eliane pousse la porte de la chambre de Françoise, qu'elle visite depuis plusieurs années trois fois par semaine. Dans la chambre il y aussi Guy, un autre résident qui s'est lié d'amitié avec Françoise. "Comment allez-vous?"
- Puisque je vous vois, ça va" répond la vieille dame, à l'Ehpad depuis treize ans et qui attend toujours avec impatience la visite de son aumônier. "On parle de la pluie et du beau temps, et puis ça va toujours bien avec elle" souffle-t-elle avec une respiration difficile. Françoise a demandé le baptême il y a sept ans lors d'un pèlerinage à Lourdes, c'est Eliane qui s'est occupée de tout. "mon mari m'avait dit, si tu veux être plus heureuse, essaie de prier, et il avait raison. Je prie et je vais mieux."

Elle nous apporte beaucoup, on a l'impression qu'avec elle on est un peu libérée, apaisée.

Rester à sa place

Si les aumôniers sont là pour proposer un accompagnement, un éveil spirituel, ce n'est en aucun cas du prosélytisme. "On se fait proche à la manière du Christ qui s'approche mais qui n'oblige rien. On doit veiller à ne pas dépasser notre rôle, on n'est ni prêtre ni soignant." Une mission d'écoute qui se situe à trois niveaux: celui des patients, des familles mais aussi des soignants. Une présence pour tous à l'hôpital, très importante aux yeux de la direction: "C'est très aidant pour un patient de bénéficier de cet accompagnement spirituel qui va répondre à ses valeurs et de se projeter dans son parcours de soins. Notre rôle est vraiment de répondre à cette demande" complète Béatrice Nicolas, directrice adjointe du CHBA. Pour le culte protestant, Dominique est pasteur bénévole missionné par l'hôpital. Aidé lui aussi par une dizaine de bénévoles, il se déplace à l'hôpital sur demande. Pour les autres cultes, les aumôniers font le lien vers les différents ministres du culte du département. Les coordonnées de ces ministres sont affichées à l'entrée de tous les services de l'hôpital. 

On se fait proche à la manière du Christ qui s'approche mais qui n'oblige rien.