Danseur... en soutane. Le Père Franck Legros a fait le buzz en 2016, lors des JMJ de Cracovie en Pologne : sur des vidéos on le voyait danser vêtu de sa soutane. Dans son livre "Ton amour me fait danser de joie" (éd. L'Emmanuel), cet ancien danseur professionnel devenu prêtre de l'Église catholique (pour le diocèse d'Évreux) explique comment il conjugue sa vocation de prêtre et son amour pour la danse. Il livre aussi son regard sur l'Église, alors que l'institution traverse une crise profonde. Lui qui a vécu 18 années en paroisse assure que l'on peut être prêtre aujourd'hui et heureux : c'est d'ailleurs le sous-titre de son ouvrage, "témoignage d'un prêtre libre et heureux".
Dans le contexte de crise que traverse l'Église catholique, marquée par les affaires de pédophilie, les prêtres font face à un climat de suspicion. Franck Legros se dit malgré tout heureux, par choix. "J'ai choisi d'être heureux, dit-il, parfois je pose des choix et je dialogue avec mon évêque pour rester heureux, je pense qu'un prêtre doit être heureux et joyeux pour porter du fruit." Pour pouvoir aussi se tenir à l'écoute du "peuple de Dieu", de son "espérance" et de ses "douleurs".
Dans son livre, Franck Legros partage ses convictions sur ce qui doit changer dans l'Église. "Lâcher des structures paroissiales" mais surtout ne pas avoir peur se poser des questions de fond. "Je crois que l'Église doit se reposer les questions fondamentales : qu'est-ce qu'une communauté chrétienne? Quel est son objectif ? Qu'est-ce qu'un prêtre ? Quelle est l'identité profonde du prêtre ?" S'il se dit "rempli d'espérance", c'est que le Père Legros a "une conviction profonde" : il faut "repartir de la contemplation du Christ", du message de l'Évangile. Se convertir, se dépouiller, "on se prend le péché en pleine face on est obligé d'être humble, d'être pauvre mais on ne peut l'accepter que si on regarde Jésus... On est pauvres : quelque part on est plus libres".
"D'où ça vient ? J'avais le goût de le Dieu, le goût de le chercher dans la prière." Issu d'une famille "catholique non pratiquante", Franck Legros n'allait pas à la messe mais était inscrit au catéchisme. "Pour moi la prière c'était le lieu de la rencontre avec Jésus, c'était enraciné en moi... Je crois que ça vient de la Vierge Marie." À part le jour où il a entendu ses frères expliquer pourquoi ils n'avaient plus la foi, Franck Legros n'a jamais perdu ce qu'il appelle "le goût de Dieu". "Je n'ai plus jamais plus douté de Dieu : je sais qu'il est là je sais qu'il est la vie."
À 14 ou 15 ans, Franck Legros nourrissait déjà l'espoir d'être prêtre... et danseur. "C'étaient mes deux deux grandes passions, la danse et Dieu." Le goût de la danse, c'est un peu comme celui de la prière : ses origines sont "un mystère". "Je crois qu'au fond c'est le goût de la vie, confie-t-il, danser c'est être pleinement en vie dans son âme et dans son corps."
À 17 ans, il part seul en Allemagne pour l'opéra de Düsseldorf, puis il reçoit la médaille d'or du Conservatoire national de Rouen et intègre le Jeune Ballet de France à Paris. "J'aimais danser, j'aimais être sur scène, j'aimais l'entraînement : après, la découverte du monde entre danseurs c'était pas toujours la joie." De répétitions en spectacles, au cours de ses voyages, Dieu continue d'être présent. Même "éloigné de l'institution Église", Franck Legros garde sa bible avec lui. Toujours cette "quête intérieure qui ne me laissait pas tranquille".
Un soir, de retour d'une répétition difficile il est pris par un questionnement : qu'est-ce que le bonheur ? Qu'est-ce que réussir sa vie ? "Surtout, je me suis vu sur mon lit de mort, j'avais 18 ans, je me parlais en me disant : qu'est-ce qui fera que je pourrai dire 'j'ai réussi ma vie' ? Ça brûlait dans mes entrailles, il y avait quelque chose, c'était très net, seul Dieu pouvait être le bonheur de ma vie". Une fois devenu prêtre, la danse reste une passion : "Il y a quelque chose de l'ordre de l'éternité et la danse ça fait partie de la vie avec Dieu donc ça ne s'éteindra pas."
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