François d’Assise est un maître de simplicité et d'émerveillement. Il nous entraîne sur une voie parfois étroite mais où se révèle un Dieu qui aime infiniment sa création.
Il existe un élan franciscain, c'est-à-dire une façon de vivre sa foi, et peut-être aussi de vivre tout simplement, qui puise sa force et son énergie dans l'exemple de saint François d'Assise (v. 1181-1226). Plus que jamais, sa spiritualité, faite d'émerveillement, d'humilité, de simplicité et de fraternité rejoint nombre de croyants, mais aussi d'hommes et de femmes que la société de consommation, l'individualisme et la richesse matérielle ne satisfont pas. Dans son ouvrage "Émerveillement et minorité" (éd. Tallandier), Michel Sauquet décrit une personnalité complexe et paradoxale.
"C'est une figure extraordinaire qui n'est pas si connue que ça." On a souvent en tête les images d'un François parlant avec les oiseaux, apprivoisant un loup... Mais si on lit par exemple ses écrits, 'on s'aperçoit que c'est un personnage complexe qui a beaucoup souffert', nous dit Michel Sauquet. 'Et qui a eu cette vertu essentielle d'être un homme émerveillé mais à partir de la nuit : il a connu la nuit, il sait ce que c'est.'
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
(extrait du Cantique des créatures)
Se mettre à l'écoute de François d'Assise c'est suivre un itinéraire d'émerveillement à partir de l'épreuve. Lorsqu'il écrit le Cantique des créatures (ou Cantique de frère soleil) en 1225, François est quasiment aveugle. Cet émerveillement, 'ce n'est pas une contemplation béate, c'est une expérience spirituelle, c'est une adoration, c'est un élan mystique très très profond, c'est une vibration intérieure'. Ce texte qui a donné son titre à l'encyclique du pape François, Laudato Si', ne loue pas tant un paysage, mais la beauté comme révélatrice de l'amour de Dieu.
Un texte que le prêtre catholique et frère franciscain Éloi Leclerc (1921-2016) a chanté 'de façon totalement inexplicable' en voyant mourir ses frères au camp de concentration de Buchenwald. 'La seule chose qui leur est venue aux lèvres c'est de chanter le cantique des créatures.' Face à l'indicible, à l'inadmissible, à l'impression d'absence de Dieu : exprimer 'une espérance profonde et cette foi dans l'amour de Dieu même absent'.
'L'émerveillement de François face à toute créature, écrit Michel Sauquet, procède de la conviction qu'elle est le résultat du vouloir divin, qui est un vouloir d'amour. Être créé c'est être aimé.' Ce pourquoi les franciscains accordent une place importante à la louange. Qui est une expérience de décentrement. Dans un langage contemporain, on peut dire avec Michel Sauquet, 'la louange c'est l'anti-selfie !'
Un émerveillement et une louange qui, selon les franciscains, empêchent de tomber dans un défaitisme et une ironie à l'égard du monde. 'On ne peut pas être défaitiste aujourd'hui, c'est une faute.'
Émission d'archive diffusée en juillet 2019
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