Le cardinal Henri de Lubac était l’un des plus grands penseurs et théologiens du 20e siècle. Pourtant, il reste une figure assez méconnue, notamment des Lyonnais. Ce jésuite a grandi à Lyon et a marqué l’Église par sa pensée et ses engagements. Soldat pendant la Première Guerre mondiale, résistant pendant la 2nde, le cardinal Henri de Lubac s’est éteint en 1991 à l'âge de 95 ans. Le diocèse de Lyon a ouvert le 20 septembre le procès en vue de sa béatification après un vote largement favorable des évêques de France.
Henri de Lubac naît à Cambrai, dans le Nord, mais sa famille vient rapidement s’installer dans la région lyonnaise. Il entre à l'âge de 9 ans à l’externat jésuite de Saint-Joseph, à Lyon. C’est là que naît sa vocation et son envie de rentrer dans la compagnie de Jésus. Huit ans plus tard, Henri a 17 ans et son père lui demande d’attendre encore un peu et de faire une année de droit à l’Université catholique de Lyon avant de rentrer chez les Jésuites. Il entre finalement dans la Compagnie de Jésus le 9 octobre 1913 à St Leonards-on-Sea en Angleterre ; mais un an plus tard, tout s'écroule.
Il a 19 ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Comme tous les jeunes hommes de l’époque, il est envoyé sur le front. Il se retrouve dans les pires endroits, notamment deux fois sur le front à Verdun.
À la Toussaint 1917, à 23 ans, il est touché par un éclat d’obus sur tout le côté droit. Cela provoque une infection osseuse incurable qui lui provoquera à vie des vertiges, maux de têtes et saignements. Mais il sera aussi touché spirituellement par les expériences du monde des personnes athées.
Pendant les années qui suivent, Henri de Lubac continue sa formation et est ordonné prêtre en 1927. Quelques années plus tard, la montée du nazisme va faire entrer le monde dans le Seconde Guerre mondiale. Le père Henri va vite s’engager dans la résistance, explique Marie-Gabrielle Lemaire, la postulatrice diocésaine de la cause de béatification d’Henri de Lubac : « Il participe à la rédaction et à la diffusion des Cahiers du témoignage chrétien, parfois jusqu'au péril de sa vie. Son objectif est d'empêcher la lente asphyxie des consciences endoctrinées par l’idéologie nazi et de contourner la censure ». Il entre en opposition déclarée au Service de Travail Obligatoire. Il est activement recherché par la Gestapo. Il va devoir se cacher et c’est là qu’il prendra un petit plus de temps pour écrire.
En 1946, parait son livre Surnaturel. Études historiques. L'ouvrage fera scandale au sein de l’Église. Il est accusé par certains théologiens de modernisme. Il est interdit d'enseignement à l’Institut catholique de Lyon et contraint de quitter la capitale des gaules pour Paris. Un événement qui l’atteint au fond de son âme. Le père Henri est brisé mais son cœur continue de vibrer pour Dieu. Rejeté par une partie de l'Église, il devient quelques mois plus tard artisan de l'événement le plus marquant de l'histoire de l'Église catholique au 20e siècle.
Henri de Lubac est appelé en tant qu'expert au concile de Vatican II. C’est d’ailleurs dans une de ces séances de travail qu’il côtoie un certain Joseph Ratzinger, le futur pape Benoît XVI, avec qui, il se liera d’amitié. Joseph Ratzinger qui admirait Henri de Lubac depuis la lecture de son ouvrage catholicisme. Mais c’est la rencontre avec un autre futur pape qui marquera encore plus le chemin du père Henri de Lubac : celle de Karol Józef Wojtyła, le pape Jean-Paul II, qui demanda au jésuite français de lui écrire sa préface pour son ouvrage Amour et responsabilité et qui le fera devenir cardinal en 1983.
Le jésuite est mort huit ans plus tard, en 1991. Un théologien qui aura marqué son siècle. Les éditions du Cerf ont publié ses œuvres complètes qui comptent une quarantaine de volumes.
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