"Huit jours plus tard, Jésus vient"
Méditation de l'évangile (Jn 20, 19-31) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "Je suis vivant" par la communauté de l'Emmanuel
C’était après la mort de Jésus.
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés,
ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas,
appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison,
et Thomas était avec eux.
Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d’eux.
Il dit :
« La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d’être incrédule,
sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Parce que tu m’as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Source : AELF
On associe souvent Thomas au manque de foi. Certes, Jésus le reprend, comme pour le faire progresser davantage, comme pour le préparer à donner sa vie dans le martyre, mais si nous lisons bien l’Évangile, nous remarquons que, sur cette voie du courage, il était probablement le plus avancé des disciples. Nous lisons dans le texte que tous les disciples s’étaient barricadés dans le cénacle par peur des juifs. Tous les disciples…sauf un, Thomas, puisque justement il était dehors. On peut probablement dire de Thomas que c’est un homme d’action, qu’il n’a pas peur d’aller jusqu’au bout. Déjà, dans l’Évangile de la résurrection de Lazare, Thomas avait réagi. Les apôtres, encore apeurés, venait de dire à Jésus : « Rabbi, tout récemment, les juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? » Alors Thomas s’écrie : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » C’est incroyable de voir que certains chrétiens justifient leur paresse spirituelle ou leur médiocrité à chercher, à se former, à creuser leur foi en invoquant saint Thomas. « Moi, vous savez mon père, je suis comme saint Thomas, tant que je ne vois pas j’ai du mal à croire ! » Je souhaite, pour chacun de nous, que nous ayons le courage de Thomas, sa force aussi, que nous n’ayons pas peur de tout donner à Jésus, y compris notre vie.
Dans cet évangile, finalement, Jésus dit en substance à Thomas : « Tu es un homme d’action, certes et tu es courageux, mais réfléchis un peu et apprends à faire confiance aux autres ». J’imagine que Thomas avait dû réprimander les apôtres et les traiter de trouillards qui n’étaient pas capables de sortir, qu’il les avait un peu regardés de haut. Eh bien Jésus l’invite à un peu d’humilité, il lui apprend à avoir besoin des autres, à ne pas compter que sur ses propres forces, à accepter que la réalité puisse dépasser aussi ce qu’il peut en comprendre. Jésus préparait finalement les apôtres à vivre le mystère de l’Église. Nous sommes envoyés deux par deux parce que nous ne pouvons pas témoigner tout seuls, parce que seuls, nous ne pouvons pas avoir de vraie fécondité. Une efficacité de façade, peut-être, mais certainement pas la fécondité qui vient de Dieu et qui nous sauve. Dans cet évangile magnifique, nous voyons combien Jésus corrige et encourage les apôtres à progresser, mais aussi combien il est soucieux de leur unité, de leur complémentarité. Les apôtres ont besoin du courage d’un Thomas, ils ont besoin de l’humilité de Pierre qui demande pardon, de la pureté de saint Jean, de l’intelligence de Barthélémy, du bon sens de Philippe, de la fougue de Simon. Nous devons compter les uns sur les autres. C’est ainsi que le Seigneur se manifestera, qu’il réalisera son œuvre, qu’il sera lui-même la fécondité de l’Église. Écoutons Jésus dire à Thomas, avec une grande douceur, avec bonté et sans aucun jugement : « Avance ta main et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant ». Ressentons, au plus profond de notre être la joie de Thomas, de voir son Seigneur ressuscité, sa joie de s’être trompé et son humilité à le reconnaître : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Oui Seigneur, tu dépasses infiniment tout ce que je peux comprendre de toi, oui tu fais, par ton Église, ce que je ne pourrais jamais faire par moi-même. Merci pour ce que tu es, merci pour mes frères et mes sœurs qui m’entourent, qui me donnent le courage que je n’ai pas, la foi que je n’ai pas, l’humilité dont j’ai besoin, la charité qui remplit mon cœur d’une joie profonde.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !