"Il en distribua aux convives, autant qu’ils en voulaient"
Méditation de l'évangile (Jn 6, 1-15) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "Combien de fois" par le groupe Glorious
En ce temps-là,
Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée,
le lac de Tibériade.
Une grande foule le suivait,
parce qu’elle avait vu les signes
qu’il accomplissait sur les malades.
Jésus gravit la montagne,
et là, il était assis avec ses disciples.
Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.
Jésus leva les yeux
et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe :
« Où pourrions- nous acheter du pain
pour qu’ils aient à manger ? »
Il disait cela pour le mettre à l’épreuve,
car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
Philippe lui répondit :
« Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas
pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge
et deux poissons,
mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit :
« Faites asseoir les gens. »
Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit.
Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Alors Jésus prit les pains
et, après avoir rendu grâce,
il les distribua aux convives ;
il leur donna aussi du poisson,
autant qu’ils en voulaient.
Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Rassemblez les morceaux en surplus,
pour que rien ne se perde. »
Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers
avec les morceaux des cinq pains d’orge,
restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
À la vue du signe que Jésus avait accompli,
les gens disaient :
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé,
celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever
pour faire de lui leur roi ;
alors de nouveau il se retira dans la montagne,
lui seul.
Source : AELF
Cet évangile de la multiplications des pains, comme certains évangiles de guérison sont étonnants, parce que nous voyons combien Jésus prend soin des gens, se met à leur place, réponds à leurs attentes et à leurs demandes, mais en même temps il semble le faire à contre cœur. Il ne prend pas soin des gens à contre cœur, bien sûr, mais ses réactions sont souvent prudentes, voire mitigées. En fait je crois qu’il a peur que les gens ne retiennent que cela, et que ces signes, qui sont hors du commun, ne masquent le grand signe, ce pourquoi il est venu, le mystère pascal, qui est beaucoup moins spectaculaire, beaucoup moins populaire et qui semble inefficace. Jésus en parle d’ailleurs à plusieurs reprises de sa gêne concernant les signes. A un moment il dit, Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. A un autre moment, juste après cette multiplication des pains, il dit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. » Oui il ne faut pas s’arrêter au miracle mais il faut aller jusqu’au grand signe auquel il renvoie : Jésus est l’envoyé du Père, venu pour nous sauver. Jésus ne fait pas des miracles parce que les gens ont la foi, mais pour qu’ils aient la foi. Jésus rattache tous les signes qu’il accomplit au seul grand miracle : sa mort et sa résurrection. Il n’est pas venu d’abord pour nous guérir de nos bobos, pour nous donner du pain, mais pour nous aimer infiniment et pour nous sauver. Souvent nous prenons le risque de décevoir Jésus lorsque nous nous arrêtons au miracle, lorsque nous regardons le doigt alors qu’il nous montre le ciel. En fait, lorsque nous faisons cela, c’est comme si nous l’aimions pour ce qu’il nous donne. Mais nous devons aimer Jésus, et les autres d’ailleurs, non pour ce qu’ils nous donnent mais pour ce qu’ils sont, gratuitement, sans contrepartie, sinon nous risquons de nous aimer nous-mêmes à travers l’autre, et même de manipuler l’autre en faisant mine de l’aimer pour obtenir de lui ce que nous voulons. Toute la vie de Jésus, toutes ses actions, préparent au mystère pascal, doivent nous aider à avoir la foi. Il n’y a rien d’apparemment attirant dans le mystère pascal, dans le mystère de la croix. Pourtant c’est par ce mystère d’amour de Dieu pour nous que nous sommes sauvés, que nous recevons la vie, la vraie. Finalement ce qui apparemment est inefficace se révèle être l’événement le plus fécond de l’humanité. Rendons grâce au Seigneur, pas d’abord parce qu’il nous guérit mais surtout parce qu’il nous sauve, par son amour infini.
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