" Ils le condamneront à mort "
Méditation de l'évangile (Mt 20, 17-28) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final : "Le serviteur" par Celebratio
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus, montant à Jérusalem,
prit à part les Douze disciples
et, en chemin, il leur dit :
« Voici que nous montons à Jérusalem.
Le Fils de l’homme sera livré
aux grands prêtres et aux scribes,
ils le condamneront à mort
et le livreront aux nations païennes
pour qu’elles se moquent de lui,
le flagellent et le crucifient ;
le troisième jour, il ressuscitera. »
Alors la mère des fils de Zébédée
s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean,
et elle se prosterna pour lui faire une demande.
Jésus lui dit :
« Que veux-tu ? »
Elle répondit :
« Ordonne que mes deux fils que voici
siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,
dans ton Royaume. »
Jésus répondit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? »
Ils lui disent :
« Nous le pouvons. »
Il leur dit :
« Ma coupe, vous la boirez ;
quant à siéger à ma droite et à ma gauche,
ce n’est pas à moi de l’accorder ;
il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. »
Les dix autres, qui avaient entendu,
s’indignèrent contre les deux frères.
Jésus les appela et dit :
« Vous le savez :
les chefs des nations les commandent en maîtres,
et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi :
celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur ;
et celui qui veut être parmi vous le premier
sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Source : ALEF
Méditation par Mgr Emmanuel Gobilliard
Comment se fait-il que nous voulions toujours nous comparer, revendiquer la première place, alors que cette première place, en fait nous est toujours attribuée. Pour que nous comprenions bien pourquoi la première place nous est toujours réservée, nous devons regarder avec les yeux de Dieu et reprendre la parabole de sainte Thérèse sur les verres de taille différentes. Voici ce qu’elle dit dans Histoire d’une âme : Une fois je m’étonnais de ce que le Bon Dieu ne donne pas une gloire égale dans le Ciel à tous les élus, et j’avais peur que tous ne soient pas heureux ; alors Pauline me dit d’aller chercher le grand « verre à Papa » et de le mettre à côté de mon tout petit dé, puis de les remplir d’eau, ensuite elle me demanda lequel était le plus plein. Je lui dis qu’ils étaient aussi pleins l’un que l’autre et qu’il était impossible de mettre plus d’eau qu’ils n’en pouvaient contenir. Ma Mère chérie me fit alors comprendre qu’au Ciel le Bon Dieu donnerait à ses élus autant de gloire qu’ils en pourraient porter et qu’ainsi le dernier n’aurait rien à envier au premier. » (Ms A, 19v)
Le Seigneur nous regarde comme si nous étions uniques au monde, pour reprendre l’expression de saint Exupéry dans le petit prince. Cette façon de comparer est liée à une fausse idée que nous avons de l’égalité. Nous savons que l’égalité n’existe pas, nous avons des tailles différentes, des histoires différentes, des cultures différentes, des caractères et des intelligences différentes. Chacun a une grâce propre et absolument unique. Nous sommes donc incomparables, alors pour correspondre à l’idée que nous nous faisons de l’égalité nous nous rabaissons nous-mêmes ou nous rabaissons les autres pour que nous soyons tous identiques, comme les brins d’herbe d’un gazon où aucune tête ne dépasse. A l’égalité des brins d’herbe qui resteront toujours au ras du sol, je préfère l’égalité des sommets. Ils sont de tailles différentes, de formes différentes, pourtant personne ne pourrait dire qu’un sommet est moins beau qu’un autre. Tous contribuent à la beauté de l’ensemble. Dieu veut que nous atteignions tous notre sommet, que nous soyons tous remplis de sa grâce, comme les verres sont remplis d’eau, pour que nous donnions la pleine mesure de ce que nous avons à donner. La sainteté c’est cela : correspondre à ce que Dieu attend de nous, devenir ce que nous sommes, avec l’aide de la grâce de Dieu. Nous devons renoncer à prendre la première place selon nos critères, en empêchant les autres de prendre la leur. Au contraire, comme le dis Jésus nous devons être les serviteurs de la grâce des autres, contribuer à ce que chacun prenne sa place, ait la première place, c’est-à-dire la place que Dieu lui réserve, alors nous prendrons naturellement la nôtre. Dieu nous aime d’un amour infini, il aime chacun d’un amour infini, comment pourrait-il aimer l’autre moins que moi. Merci Seigneur parce que tu poses sur chacun un regard unique un regard d’amour qui nous restitue, qui nous relève, qui fait vivre.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !