"Ils n’écoutent ni Jean ni le Fils de l’homme"
Méditation de l'évangile (Mt 11, 16-19) par le père Bernard Devert
Chant final: "Venez, levez-vous et veillez" par les Fraternités Monastiques de Jérusalem
En ce temps-là,
Jésus déclarait aux foules :
« À qui vais-je comparer cette génération ?
Elle ressemble à des gamins assis sur les places,
qui en interpellent d’autres en disant :
“Nous vous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé.
Nous avons chanté des lamentations,
et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.”
Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas,
et l’on dit : “C’est un possédé !”
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit,
et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne,
un ami des publicains et des pécheurs.”
Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste
à travers ce qu’elle fait. »
Source : AELF
Jésus nous demande de prêter attention. Il le fait avec des mots directs, comparant cette génération à des gamins assis sur des places qui s’interpellent. Ils ont joué de la flûte, personne n’a dansé ; ils ont chanté des lamentations, mais chacun est resté de marbre.
Souffler n’est pas jouer, dit l’adage. La parole et l’esprit qui l’accompagne peuvent bien souffler mais nous restons dans notre cour sans qu’elle ne participe à aucune re-création.
Blasés, devenus sourds à un appel dont l’étrangeté nous dérange, nous nous sommes installés.
Quand soudain une parole pourrait nous faire bouger, nous faire vivre autrement, alors nous avons une réponse, une parade : c’’est un illuminé, un possédé pour reprendre les mots de l’évangile de ce matin, ou encore l’ami des publicains des pécheurs, il n’est pas de notre caste, de notre milieu.
Allez, il n’y a rien à entendre.
Les relations ainsi se nécrosent et finalement meurent au nom de ce que nous appelons la sagesse, un savoir–être qui se prive de l’audace d’un autrement.
Ne nous étonnons pas que l’invitation à changer soit mal vécue, évaluée, arbitrée comme un possible désordre dans notre ordre si bien établi qu’il en arrive à être considéré comme acceptable pour ne pas remettre en cause l’idée largement partagée que ce qui est fort doit être considéré comme juste. Une Société bloquée !
La Bonne nouvelle renouvelle ce monde pour introduire, non des valeurs avec le risque que d’aucuns s’en emparent, mais un souffle, celui de l’Esprit qui surgit souvent dans des inattendus suscitant alors un étonnement et parfois un émerveillement qui, seul, sauve.
Maurice Zundel dit que Dieu, c’est quand on s’émerveille.
Trop facile diront certains, seulement nous ne pouvons pas effacer la Parole de Jésus : si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume.
Nous pouvons accompagner cet évangile des mots de Jean de la Bruyère : « il faut rire avant d’être heureux de peur de mourir sans avoir ri ». Sans doute, rire un peu de soi-même pour être si surs de nous, oubliant ce que nous sommes appelés ici et maintenant à devenir.
Rendons grâce. Heureusement Dieu ne s’épuise pas à nous offrir le souffle de sa vie.
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